Le billet vert. Les huîtres aussi peuvent être victimes de la gastro
Nous transmettons la gastro-entérite aux... huîtres ! Le virus se retrouve en mer à cause des fortes pluies qui ne permettent pas aux stations d'épuration d'être aussi efficaces qu'en temps normal.
L’épidémie de gastro-enterite touche désormais toute la France et même... certaines huîtres de Bretagne et de Charente-Maritime qu’il ne faut plus consommer. Les ostréiculteurs attendent des explications. Ils ont rendez-vous demain au ministère de l'Agriculture.
Depuis mercredi 8 janvier, la préfecture de Charente-Maritime a pris un arrêté d’interdiction de commercialisation des huîtres pour deux bassins de Marennes-Oléron. Depuis la mi-décembre le novovirus, responsable de l’épidémie de gastro-entérite, sévit aussi dans des parcs à huîtres du Morbihan et d’Ille-et-vilaine. Aujourd’hui, il y a donc une dizaine de zones de productions qui sont touchées sur la façade ouest et des enquêtes sont en cours aussi en Normandie. Plusieurs grandes surfaces ont rappelé certains lots qu'elles avaient commercialisés et pour savoir quelles huîtres sont consommables et lesquelles sont concernées, ce site internet peut vous renseigner.
Nous transmettons la gastro aux huîtres. Quand il pleut beaucoup, nos stations d’épuration n’arrivent pas toujours à suivre et ça déborde, on renvoie donc nos eaux usées sans traitement dans l’environnement. Ce n’est qu’un problème breton ou charentais, parce que c’est aussi le cas à Paris, dans la Seine, ou en Méditerranée avec les orages cévenols. Le virus se retrouve donc en mer et les huîtres l'attrapent et nous le retransmettent ensuite quand on les mange.
Alertées par les autorités régionales de santé dès les premiers cas, les préfectures ont décidé de prendre ces arrêtés d’interdiction de ramassage et de consommation. L'huître ne meurt pas de la gastro, il faut en général attendre 28 jours et de nouvelles analyses avant de pouvoir de nouveau les commercialiser. En Charente, l'interdiction pourrait même être levée dès la semaine prochaine.
Le problème de débordement des réseaux se pose depuis des années
Interdire la vente d'huîtres juste pendant les fêtes de fin d’année représente un gros manqué à gagner pour les professionnels. Dans le Morbihan, 70 d'entre eux sont touchés, ils ont demandé une enquête sur l’état des stations et les réseaux d’assainissement. Même s'ils savent bien que les changer ou les moderniser coûtent cher aux collectivités, ils ne voudraient pas qu’il y ait du laisser-aller. Ils se demandent notamment pourquoi certaines stations font leur œuvre comme à Cancale ou Paimpol et pas sur Saint-Méloir-des-Ondes en Ille-et-Vilaine, lors du dernier épisode. D’autant que ce problème de débordement des réseaux se pose depuis des années.
L'Anses a même fait des analyses depuis les années 90 et l'Inserm s'est aussi penché sur le lien entre novovirus et huîtres. Ils pensent aussi qu’en améliorant l’alerte en cas de débordements, ils pourraient mieux protéger leurs huîtres en les purifiant plus ou en les déplaçant vers d’autres sites.
Les huîtres agissent en fait comme des sentinelles de l’état de notre environnement. Les ostréiculteurs ont rendez-vous demain au ministère de l’Agriculture pour avoir des explications, ils décideront ensuite s'ils saisissent la justice en fonction du résultat.
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