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Le billet vert. Le non à Europacity se transforme en oui aux terres de Gonesse

Le projet Carma veut remplacer Europacity au nord de Paris. C'est un projet monté par un collectif de 70 ingénieurs, urbanistes, agronomes et qui compte profiter de la valeur nourricière de 700 hectares de terres.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Une femme hostile au projet Europacity à Gonesse (Val-d'Oise), le 19 mai 2019. (ALAIN JOCARD / AFP)

Lors de son dernier Conseil de défense écologique, en novembre, le gouvernement annonçait l’annulation de la construction du centre commercial Europacity au nord de Paris. Aujourd’hui, un nouveau projet baptisé Carma commence à se faire connaître.

Le projet Carma n'a rien à voir avec le bouddhisme ou la méditation de doux rêveurs. Il s'agit de l’acronyme de "coopération pour une ambition agricole, rurale et métropolitaine d’avenir". Un projet monté par un collectif de 70 très sérieux ingénieurs, urbanistes, agronomes, lancé avant l'abandon d'Europacity et qui compte profiter de la valeur nourricière des 700 hectares de terres fertiles situées dans ce triangle de Gonesse du Val-d’Oise.

Une ceinture alimentaire pour l'Île-de-France

Carma veut être un lieu d’expérimentation du maraîchage bio, de l’horticulture, de l’élevage non intensif, de la permaculture. Sa proximité avec les urbains n’est pas un problème : cela créerait même un cercle vertueux avec une partie de leurs déchets alimentaires et verts utilisés comme compost sur ce site. Un projet en total cohérence avec l’objectif de la France de faire 50% de produits bio et circuits courts dans les cantines scolaires par exemple. 80% des établissements scolaires franciliens ont déjà introduit du bio dans leur menu, estime l'Agence bio. Cela aurait donc du sens pour l'environnement de le produire en local. Un projet de ceinture alimentaire comme il en existe à Milan ou à Montréal. Mais Carma ne pourra pas fournir à lui tout seul toute cette nourriture, ce serait donc aussi un lieu de formation en agro-écologie pour tous ceux en France qui voudraient faire la même chose en liant plus directement les champs et les villes. Le projet veut aussi reconnecter les habitants du Val-d'oise à la nature et proposer des sentiers de randonnée.  

Un projet dont le territoire ne s'est pas encore emparé

Mais le collectif Carma ne promet pas des retombées économiques ou en termes d'emplois chiffrées. "Il ne faut pas réfléchir comme ça, ce ne serait pas honnête de donner un chiffre qui ne se concrétiserait pas" expliquent ses promoteurs. Ils n’ont pas de belle plaquette publicitaire comme Europacity qui promettait plus de 3 000 emplois. Alors, sur place, on les regarde un peu de travers, on se demande s'ils sont sérieux. Des élus, fâchés par la décision du gouvernement, ont déposé un recours devant les tribunaux. Les agriculteurs locaux ne veulent pas abandonner les cultures céréalières conventionnelles et les jeunes au chômage du Val d’Oise ne rêvent pas tous de devenir maraîcher bio.

Mais les choses sont peut être en train de changer. Il y a un mois, une réunion à Villers-le-Bel a réuni une centaine de personnes dont des pépiniéristes locaux, des associations de quartiers défavorisés qui travaillent sur le bien-manger dans les écoles. Après les municipales, Carma fera son assemblée générale le 22 mars, et d'autres rencontres dans le Val-d’Oise pour pousser ceux qui le souhaitent à s’emparer de ce projet. Mais il est plus facile de fédérer des militants contre un projet qu'en construire un nouveau. D'autant qu'une gare du Grand Paris doit toujours être construite au milieu des champs. Si le gouvernement a annulé les 80 hectares d'Europacity, il n'a pas annulé l'artificialisation des 200 hectares de terres agricoles pour la zone d'activité commerciale où des entrepots logistiques trouveraient toute leur place. Ce n'est donc pas gagné pour Carma mais le non à Europacity est en train de se transformer en un oui aux terres de Gonesse.

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