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Le billet sciences. Le combat des "Black Lives Matter" touche aussi à la science

Il n’y a pas que dans les rues de Portland que l’on dénonce les injustices raciales aux États-Unis. Le mouvement "Black Lives Matter" touche aussi le monde de la recherche avec le combat de la famille d’Henrietta Lacks.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La vie d'Henrietta Lacks a fait l'objet d'un film aux Etats-Unis (PARAS GRIFFIN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Henrietta Lacks était une jeune femme noire américaine morte dans les années 1950 d’un cancer du col de l’utérus très agressif. Lors d’un examen, les médecins lui avaient prélevé des cellules sans son consentement. Ces dernières vont avoir une incroyable capacité de reproduction en laboratoire alors que celles d'autres patients ne tenaient pas très longtemps. Les cellules d'Henrietta Lacks vont se révéler en quelques sortes immortelles. Les chercheurs se sont partagés les données, les dossiers médicaux, ils ont publiés son génome, son ADN afin de pouvoir cultiver ses cellules dans le monde entier. Elles ont permis à la médecine de faire d’incroyables progrès.

De la lutte contre le cancer à l'espace 

Avant d'utiliser un médicament contre une maladie, les chercheurs le teste sur des cellules en laboratoire, des virus, des préparations, des vaccins. C’est ainsi que les cellules d’Henrietta Lacks, appelés HeLa ont permis de comprendre la polio et de trouver un vaccin. Cela est aussi le cas contre le papillomavirus. Elles ont fait avancer la recherche en immunologie, contre la leucémie, la maladie de Parkinson, et ont permis de faire progresser la fécondation in vitro. Les scientifiques les ont même envoyées dans l’espace pour comprendre les effets de l’apesanteur sur les cellules humaines. On référence aujourd'hui des milliers de publications scientifiques qui doivent leurs découvertes aux cellules HeLa.

Des progrès au mépris du consentement de sa famille

Cela fait à peine dix ans que sa petite fille, Jerie, a compris tout ce que la médecine devait à sa grand-mère, sans jamais avoir été mise au courant, ni indemnisée par les entreprises biomédicales ou les laboratoires de recherche. Juste parce qu’Henrietta Lacks était noire et pauvre dans l’Amérique raciste des années 1950. Pour les chercheurs de l’époque, la famille ne pouvait pas comprendre l’enjeu de leurs travaux.

Dans le combat des "Black Lives Matter", certains voulaient stopper l’utilisation de ces cellules, fruit d’une injustice raciale et sociale. Ce n’est pas ce que veulent les membres de sa famille au moment où la communauté noire américaine est très touchée par le Covid-19. Ces derniers souhaient une juste reconnaissante de leurs droits. Le directeur de l’Institut national de santé américain, Francis Collins, et la famille Lacks ont trouvé un accord pour être plus loyal envers les patients sans bloquer la recherche. La meilleure façon de fêter le centenaire d’Henrietta cette année !  

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