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Environnement : Greenpeace met en garde contre l'exploitation des fonds sous-marins pour la fabrication de batteries

Des entreprises envisagent d'envoyer des engins au fond des océans afin d'y extraire des métaux rares.
Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un nodule remonté du fond de l'océan Pacifique au large de San Diego (Etats Unis). (CAROLYN COLE / LOS ANGELES TIMES via GETTYIMAGES)

En amont de la reprise jeudi 16 mars des négociations internationales sur l’exploitation minière en eaux profondes, un rapport de Greenpeace met en garde contre des convoitises démesurées. Au cœur de ce sujet, on trouve : les fameux nodules polymétalliques.

Ce sont des cailloux, en forme de patate, qui mesure entre un à 15 cm de diamètre, qui reposent par plus de 4 000 mètres de fond. Ces nodules (qui ont mis des centaines de milliers d'années à se former) contiennent des métaux rares utiles à la fabrication de batteries électriques. Ce qui aiguise l’appétit d’entrepreneurs privés, comme celui de la société canadienne The Metals Company.

Tous les métaux contenus dans ces nodules ne sont pas exploitables

Son patron assure avoir déjà repéré dans certaines zones, suffisamment de métaux rares pour équiper en batterie un quart de la flotte mondiale automobile. Il espère pouvoir, dans les années qui viennent, aspirer ces sphères noires polymétalliques avec des sortes de moissonneuses-batteuses sous-marines. Mais dans un rapport, Greenpeace met en garde contre une exploitation minière prématurée, qui s’appuie sur les travaux d'un institut allemand de recherche sur l'environnement. Pour l’ONG, il ne faut pas compter sur les grands fonds marins pour trouver les métaux nécessaires à la transition énergétique.

Autre écueil : il n'y a pas de consensus scientifique sur la quantité de métaux rares qu'il est réellement possible de trouver et d'exploiter dans les océans. Combien y a-t-il de nodules, quelle est leur composition réelle ? Tout cela reste à préciser. Selon ce rapport, même si certaines réserves sont sous-marines, elles excèdent bien les réserves terrestres.

Tous les métaux contenus dans ces nodules ne sont pas exploitables : le lithium, par exemple, essentiel pour les batteries n'est pas présent en quantité suffisante. Seule l’extraction de cobalt, nickel, cuivre et manganèse seraient éventuellement envisageable. Mais l’impact environnemental d'une telle exploitation, avec le bruit des machines, et les nuages de sédiments, n’est pas connu. Dans ce contexte, il est important de continuer de compter sur les ressources terrestres, la sobriété et le recyclage de métaux existants, insiste l'ONG, qui soutient l'idée d'un moratoire de plusieurs années, sur l'exploitation minière. Le temps de mieux connaître scientifiquement l'état et le potentiel réel du milieu marin.

Même en 2023, on connaît toujours aussi mal l'océan à plus de 4 000 mètres de profondeur. Bien que ces océans profonds couvrent les deux tiers de la planète, on les connaît très mal : 95% de leur surface reste à explorer. Autre chiffre très évocateur : on recense aujourd’hui 250 000 espèces vivantes sous-marines. Mais il y en a vraisemblablement 40 fois plus à découvrir, selon des études de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer). Des chiffres impossibles à 'occulter dans ce débat. 

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