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En prenant l'avion, ils contribuent au réchauffement : les climatologues veulent mettre fin à cette contradiction

Selon les travaux d'une équipe de recherche britannique, les climatologues sont les scientifiques qui prennent le plus l'avion. Pourtant les rapports du GIEC alertent sur la part croissante des émissions de du transport aérien. Et les chercheurs veulent remédier à cette contradiction.

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des passagers de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle. Photo d'illustrations. (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

C'est un peu l'arroseur arrosé. Une étude suédoise s'est penchée sur ceux qui prennent le plus l'avion sur la planète. 1% de la population mondiale est responsable de la moitié des émissions de l'aviation civile, selon ces travaux publiés dans la revue Global Environmental Change. Certes, la crise du coronavirus a réduit le trafic aérien mondial de moitié. Et c'est l'occasion de revoir nos priorités de voyage, estime Stefan Gossling de l'université de Lund, en Suède, qui a mené l'étude. Il s'était déjà penché dans un autre travail sur les voyages en avion de célébrités à partir des photos postées sur leurs réseaux sociaux. Il estimait que Bill Gates et Paris Hilton émettaient 10 000 fois plus que la moyenne des habitants de la planète. Des travaux qui n'ont pas été publiés dans une revue scientifique.

Quelques "super-émetteurs" contribuent massivement au changement climatique.

Stefan Gossling, université de Lund

à "The Guardian"

Mais c'est une autre étude le mois dernier qui a créé la surprise, celle d'une équipe de recherche britannique qui s'est penché sur les voyages en avion dans le monde scientifique. Parmi les plus gros voyageurs et donc émetteurs de CO2, il y a les scientifiques spécialistes du climat. Cette équipe à laquelle appartient notamment la climatologue Corine Le Quéré (présidente du Haut conseil pour le climat) a interrogé 1 400 de ses collègues de 59 pays dans différentes disciplines. Les climatologues prennent l’avion en moyenne cinq fois par an contre quatre pour les autres. Les professeurs plus anciens voyagent, eux, deux fois plus que leurs jeunes collégues chercheurs. 
 

Le rapport du GIEC pointe pourtant les émissions de l'aviation 

Voilà les climatologues pris en pleine contradiction, puisque le GIEC étudie depuis 40 ans les sources d'émissions humaines de CO2 qui sont responsables d'un réchauffement ultra rapide, jamais vu dans l'histoire de la Terre. Il nous prévient que l’avion représente peu d’émissions pour le moment : 2,5% (autant qu’un pays comme l’Allemagne). Mais au regard de la forte croissance du secteur, il faut vite trouver un moyen de prendre l’avion sans émettre autant, sinon cela représentera 22% des émissions en 2050.  

Mais cette étude montre que les climatologues perçoivent aussi plus que leurs collègues l'ambiguité de leur position : ils sont plus conscients de l’impact de leur déplacement. Ils sont donc plus nombreux que les autres à les compenser, voire à renoncer à un trajet en avion : 30% d’entre eux, contre 5% dans leurs autres disciplines. 

La pandémie a changé leur façon de travailler

Le GIEC avait des réunions régulières dans le monde : une fois en Europe, une fois en Asie, une fois en Afrique... Et leur présence physique était de mise. Et il organise désormais beaucoup plus de visioconférences. Pas question de renoncer à une mission en Arctique ou en Antarctique pour aller voir comment se porte la banquise ou les manchots, mais aujourd’hui, les chercheurs participent beaucoup plus à des colloques internationaux par visio, et ils arrivent à créer le réseau de contacts qui les intéressent quand même, en particulier les jeunes chercheurs. D’ailleurs, une dizaine d’entre eux viennent de mettre au point une méthode appelée GES 1.5 pour que les laboratoires, quelle que soit la discipline, se penchent sur ce qui pollue le plus dans leur activité, leur bâtiment, leur chauffage, leur trajet... pour que la recherche se mettent aussi sur la trajectoire de 1,5°C de réchauffement à la fin du siècle.

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