"Chernobyl" : une série scientifique et historique à ne pas manquer
Même si elle est romancée, même s'il y a des personnages fictifs, des dialogues inventés, cette série diffusée à partir de jeudi 27 mai sur M6 permet de mieux comprendre ce qu'il s'est passé il y a 35 ans lors de la catastrophe à la centrale nucléaire ukrainienne.
La catastrophe nucléaire de Tchernobyl est toujours considérée comme l’évènement le plus effrayant, selon le baromètre annuel de l’Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire Français, (IRSN) publié mercredi 26 mai. Et cette série télévisée "Chernobyl", diffusée à partir de ce jeudi sur M6 ne va pas les rassurer. Les crépitements des compteurs Geiger qui s'affolent font monter la tension du spectateur qui se demande quel sera le sort des personnages. C’est une série très bien faite et qui a la bonne idée de choisir comme héros un scientifique qui a vraiment existé. Valeri Legassov, directeur de l’institut de recherche sur l’énergie atomique Kourtchatov à Moscou qui s'est suicidé deux ans jour pour jour après la catastrophe. Dans la série, il se bat pour gérer les conséquences de la catastrophe et surtout pour comprendre comment elle a pu se produire. Il forme un duo avec l’apparatchik Boris Chtcherbina. Lui aussi a vraiment existé, il était vice président du conseil des ministres de l’URSS de l’époque. Un peu l’œil de Mosou sur cette catastrophe ukrainienne.
Cette série est très crédible quand elle montre la réaction des habitants de Pripiat, la ville voisine de la centrale, surpris dans leur sommeil par l’explosion. L’intervention immédiate sans protection des pompiers de la caserne le soir même. La réalité de leurs blessures et de leur agonie. Les créateurs de la série se sont d'ailleurs inspirés de nombreux documents d’époque et des témoignages notamment ceux recueillis par Svetlana Alexeivitch dans son livre La Supplication sur les liquidateurs de Tchernobyl. En revanche, il y a des personnages qui n’ont pas existé comme la scientifique biélorusse. Il y a bien eu un crash d’hélicoptère mais parce qu’il a heurté un câble, pas à cause de la radioactivité qui aurait détruit ses instruments. Surtout pour l’historienne, spécialiste de l’époque soviétique, Galia Ackerman, le moins crédible c’est la personnification des héros scientifiques affrontant avec courage le Politburo pour protéger les habitants. Cela donne peut-être de belles tirades dans la série mais cela ne ce n’est certainement pas passé comme ça et les efforts ont été beaucoup plus collectifs pour prendre des mesures à la hauteur de la gravité de l'accident.
Une série où les scientifiques sont des héros
Cette série est intéressante parce qu'elle pousse assez loin le spectateur dans les détails techniques de l'accident. Comment le xénon, ce gaz radioactif, a-t-il empoisonné le réacteur ? Comment les barres de combustibles au lieu de stopper le problème l’ont-elles aggravé ? Valeri Legassov apparait comme un lanceur d’alerte qui veut que l’industrie pour laquelle il travaille prenne conscience du risque que cela se reproduise. Tous les réacteurs du type de Tchernobyl ont d'ailleurs fini par être revus et modifiés ensuite. Une série au fort accent anti-nucléaire mais qui montre surtout les difficiles rapports entre scientifiques et politiques. Elle n’a d'ailleurs pas du tout plu à Moscou lors de sa sortie, il y a deux ans. Un réalisateur russe a promis de travailler à un contre-projet où ce sont des agents de la CIA qui provoquent l’accident à la centrale. En attendant ce mois-ci, l'institut de sureté nucléaire ukrainien a enregistré une activité de fission sous les deux sarcophages qui recouvrent aujourd'hui le réacteur accidenté. Tchernobyl est comme un barbecue dont les braises couvent toujours. Même 35 ans après, les autorités ukrainiennes ont toujours un gros problème à gérer. Pas de quoi faire une saison deux de la série, on espère !
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