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Un trou noir isolé erre dans notre galaxie à une vitesse de 160 000 km/h

Les astrophysiciens ont découvert un petit trou noir qui se promène dans notre galaxie à la vitesse prodigieuse de 160 000 km/h. Explications avec Mathilde Fontez, rédactrice en chef d’"Epsiloon".

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le trou noir ne risque pas de percuter la Terre, puisqu'il se situe à au moins 2 000 années-lumière de notre planète. (NASA)

Il y a quelques semaines, des astrophysiciens découvraient dans l'espace l’image d’un trou noir qui règne au centre de notre galaxie. Aujourd’hui, ils en ont découvert un autre, plus petit, mais sacrément mobile : il file à 160 000 km/h. Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloon revient sur cette formidable découverte.

franceinfo : Les astrophysiciens viennent de voir l’invisible, dites-vous ?

Mathilde Fontez : Ils viennent même de voir doublement l’invisible ! Parce que déjà, les trous noirs, par définition, on ne peut pas les voir. Il s’agit d’astres incroyablement compacts, des étoiles mortes sans doute. Si compacts qu’ils ne laissent rien échapper : ils attirent tout ce qui passe à proximité, même les particules de lumière. Or si quelque chose n’émet pas de lumière, on ne peut pas le voir. Et ce trou noir qui vient d’être découvert par deux équipes américaines simultanément, en particulier grâce aux observations du télescope spatial Hubble.
En prime, il est tout petit.

Et pourtant, les astronomes l’ont vu…

Ils l’ont vu, grâce à sa gravité : ce trou noir est très petit. Mais il pèse lourd : 5 à 15 fois la masse de notre étoile, le Soleil. Ce qui fait qu’il déforme l’espace-temps, il détourne la lumière qui passe à proximité. Les chercheurs l’ont découvert, parce qu’ils ont vu que l’image des étoiles lointaines était déformée, comme si elle était passée au travers d’une loupe. D’ailleurs, on appelle cela une lentille gravitationnelle…

On s’attendait à la présence de ce petit trou noir ?

Les astrophysiciens se doutaient qu’il devait exister des trous noirs petits, comme celui-là. Ils les cherchaient même. Cette idée leur venait de leurs théories d’évolution des étoiles : ils modélisent la vie des astres, et ont pu déterminer que parfois, lorsqu’une grosse étoile meurt, elle explose de manière asymétrique. Son cœur s’effondre en trou noir, en même temps qu’il est propulsé dans l’espace, à une vitesse faramineuse. D’après ces théories, les astrophysiciens avaient estimé qu’il devait y avoir autour de 100 millions de ces trous noirs dans notre galaxie la Voie Lactée. En gros, 1 000 fois moins que d’étoiles… Et ça y est, ils en ont trouvé un. C’est le premier. Et effectivement, il file à grande vitesse : à 160 000 km/h.

Il ne risque pas de percuter la Terre ?

Aucun risque, non. Parce qu’il est très loin. Les astrophysiciens n’ont pas pu mesurer précisément sa distance, mais ils savent qu’il est entre 2 000 et 6 000 années-lumière de la Terre. Pas tout près donc. Et grâce à cette détection, ils évaluent que le trou noir le plus proche pourrait se situer à 80 années-lumière.
L’univers est grand, la Terre est minuscule. Il n’y a quasi aucune chance qu’un tel trou noir vienne entrer en collision avec elle.

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