Le billet sciences du week-end. La science au féminin
La liste est longue des femmes scientifiques qui ont vu le mérite de leurs découvertes revenir à leurs collègues masculins. Rosalind Franklin, Marthe Gauthier, notamment. La journée internationale des droits des femmes ce lundi 8 mars nous rappelle à leurs découvertes, comme comme celle des chromosomes X et Y, la composition des étoiles, ou encore la génétique des bactéries.
Demain, lundi 8 mars, nous célébrerons la journée internationale des droits des femmes, l’occasion de revenir sur celles qui ont marqué la longue histoire des découvertes scientifiques.
Des femmes scientifiques tombées dans l’oubli
Lorsque nous évoquons les femmes et la science, le nom qui vient instantanément est celui de Marie Curie. Elle est la plus connue et à raison ! À l’origine de recherches révolutionnaires sur la radioactivité, elle fut la première femme à recevoir le prix Nobel, et la première personne à le recevoir dans deux disciplines scientifiques différentes, la physique et la chimie !
Reste que les femmes nobelisées sont moins célèbres et moins nombreuses. Si 863 hommes se sont vu décerner cette distinction, seules 52 femmes ont eu cet honneur. Pourtant, bien d’autres l’auraient mérité. Parmi elles, de nombreuses femmes ont été victimes de "l’effet Mathilda", en hommage à à la militante féministe Matilda Joslyn Gage. Avec Elizabeth Cady Stanton et Susan B. Anthony, elle écrivit les arguments, inspira les passions et organisa l’action politique du mouvement du suffrage des femmes, au XIXe siècle, aux États-Unis.
Ces découvertes scientifiques que l’on doit aux femmes
C’est la minimisation, voire le déni, de la contribution des femmes dans les découvertes scientifiques, comme la découverte des chromosomes X et Y, la composition des étoiles, ou encore la génétique des bactéries. On doit ces révolutions à des femmes, non récompensées !
Sur les découvertes scientifiques spoliées, Nadine Halberstadt, présidente de l'association Femmes et Sciences, directrice de recherche au CNRS en physique moléculaire, évoque ce qui s'est passé avec Rosalind Franklin, physico-chimiste britannique et avec la française Marthe Gautier, médecin, pédiatre, directrice honoraire de recherche à l'INSERM.
C’est le cas de Rosalind Franklin qui avait découvert la structure en hélice de l’ADN mais dont tout le mérite est allé à Crick et Watson, ses collègues. Plus récemment, cela a aussi été le cas de Marthe Gautier, qui a joué un rôle majeur dans la découverte du chromosome surnuméraire responsable de la trisomie. Mais c’est finalement Jérôme Lejeune qui s’est attribué toute la paternité de cette découverte.
Nadine Halberstadt, présidente de l'association Femmes et Sciences
Pour réparer ces injustices, le prochain rover européen sur Mars portera le nom de Rosalind Franklin. Il faut dire que des hommes, pas très élégants, signaient souvent les articles à la place des femmes. Certains trouvaient qu’elles étaient plus émotives, intuitives, voire même, comme l’affirmait le professeur Broca, que "la taille de leur cerveau ne leur permettait pas d’être scientifiques".
Pour Catherine Vidal, neurobiologiste, directeur honoraire à l’Institut Pasteur, membre du comité éthique à l’INSERM, c’est une croyance qui ne date pas d’hier :
Au XIXe siècle, le neurologue Paul Broca avait comparé le cerveau de femmes et d’hommes. Il avait montré une différence de volume et de poids d'environ 150 grammes et en avait déduit que les femmes étaient forcément moins intelligentes.
Catherine Vidal, neurobiologiste, spécialiste du cerveau
Les sciences en route vers la parité
Mais, bonne nouvelle, les choses évoluent et ce, même dans le spatial ! Quelque 50 ans après les premiers pas sur la Lune, c’est une femme qui aura à nouveau ce privilège. Selon la NASA, la mission Artemis serait prévue pour 2025, et la sélection de l’heureuse élue est déjà en cours !
En compétition finale, neuf spationautes aguerries. La favorite actuelle, l’américaine Christina Hammock Koch a, par exemple, effectué plusieurs missions à bord de la station spatiale internationale (ISS) et a déjà passé 328 jours dans l’espace. Elle est également l’une des membres de la toute première sortie dans l’espace 100% féminine.
J’ai eu la chance de participer à des missions spatiales et, lorsque j’interviens dans les écoles et les universités, j’essaie d’incarner et de combattre ces représentations de métiers masculins, qui ne seraient pas ouverts aux femmes. Il faut leur donner cette possibilité d’envisager : Pourquoi pas moi ?
Claudie Haigneré, première femme française spationaute
Ecoutez l'entretien intégral avec Claudie Haigneré au micro de Gérard Feldzer
À lire
France Culture : L’effet Mathilda
France Culture : Quatre femmes se sont fait spolier leur découverte scientifique et un prix Nobel
Futura Sciences : Neuf femmes candidates pour marcher sur la Lune
France Culture : Rosalind Franklin, pionnière de l’ADN :
Association Femmes et Sciences
Futura Sciences : Qui était le scientifique Paul Broca ?
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