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La cité de l'automobile à Mulhouse : histoire d'une collection unique au monde

Tous les week-ends cet été, franceinfo vous emmène à la découverte de "La France secrète". Des anecdotes, des histoires cachées ou mystérieuses, des personnalités étonnantes qui ont marqué ou transformé un lieu.
Article rédigé par franceinfo - Philippe Gloaguen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Musée de l'automobile à Mulhouse avec l'un de ses fleurons, la Bugatti Royale avec ses 300 CV et ses 50 litres au 100. C'était la voiture personnelle d'Ettore Bugatti, fondateur de la dynastie. (THIERRY GACHON / MAXPPP)

Une nouvelle visite dans ce nouveau numéro de La France secrète, avec Philippe Gloaguen, directeur du Guide du routard. Aujourd’hui, direction la cité de l'automobile à Mulhouse. On vous emmène visiter la ville industrielle qui fut la plus dynamique en France, au XIXe siècle. Son centre ancien, miraculeusement préservé, montre de jolies façades, à l'image de la Suisse voisine. C'est ici qu'on trouve le plus grand musée de l'automobile du monde.

Tout commence dans les années 20, par l'installation de Hans et Fritz Schlumpf, deux frères suisses. Malgré leur nom, ils ne sortent pas d'un conte d'Andersen. En 1935, ils créent un empire textile et font fortune. Dès 1957, ils achètent des modèles rares de voitures anciennes, après avoir participé à de nombreuses courses régionales, à bord de leur Bugatti 35 B. lls transforment alors des entrepôts pour accueillir leur collection grandissante. 

La passion des frères Schlumpf ne s'est pas arrêtée là

Leur passion les entraînant toujours plus loin, ils finirent par s'entourer d'une équipe de mécaniciens bien souvent payés par l'entreprise. Au total, 437 véhicules exceptionnels de 97 marques différentes avec une préférence pour les Bugatti, originaires d'Alsace. Étonnante Bugatti type 32, qui ressemble à un char d'assaut, mais qui atteignait les 189 km/h en 1923.

Entre les deux guerres, c'est la naissance des super voitures, caractérisées par des dimensions et des puissances étonnantes. On y découvre la Mercedes 770 K, des chefs nazis et de I'empereur Hiro Hito. Un vrai monstre roulant. Mais la plus impressionnante reste la Bugatti Royale avec ses 300 CV et ses 50 litres au 100. C'était la voiture personnelle d'Ettore Bugatti, fondateur de la dynastie dont l'usine se trouvait à Molsheim, près de Strasbourg. Et bien sûr, quelques Rolls.

À l'origine, la marque vendait ses modèles sans carrosserie. C'était au client de se débrouiller. Certaines furent habillées par Baxter, fournisseur officiel des carrosses de la maison royale. En 1934, arrive la célèbre Traction Avant de Citroën, fabriquée en série. Elle symbolisa une énorme avancée technologique. On ne peut pas oublier l'espace course, avec les voitures garées en file, comme pour un départ de Grand Prix.

Cette collection secrète n'était montrée qu'à quelques privilégiés 

Et puis patatras, en 1977, 2000 ouvriers sont licenciés suite à la crise économique. Et là, on découvre par surprise le musée secret. Les syndicalistes appellent les médias et ouvrent l'accès au public. On l'appellera le "musée des travailleurs", avec même des visites gratuites. C'est vrai qu'avec ces dépenses folles dans les voitures, on plonge l'entreprise en faillite, avec la rapidité d'une Formule 1.

Bien sûr, les frères Schlumpf sont condamnés pour abus de biens sociaux, et s'enfuient en Suisse. Tout n'est pas perdu pour tout le monde : l'Etat français rachète la collection pour 44 millions de francs, alors qu'elle était évaluée à 425 millions, presque 10 fois plus.

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