Cet article date de plus de neuf ans.

Un credo pour temps de guerre

En compagnie du Chœur de Radio France, découvrons une des compositions religieuses les plus marquantes de ces années, "Le Credo patriotique".
Article rédigé par Bertrand Dicale
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 15 min
  (©)

Pendant les quatre années de la Grande Guerre, les Français ont chanté – et beaucoup chanté. Mais l’écrasante majorité des chansons écrites pendant et à propos de cette immense épreuve collective n’ont pas été enregistrées et ont disparu des mémoires.

Nous avons exhumé les partitions de ces chansons, oubliées depuis près d’un siècle dans les bibliothèques et les archives : grands succès des vedettes de l’époque, chants des régiments, hymnes patriotiques ou comptines apprises aux enfants, mais aussi chansons antimilitaristes circulant sous le manteau, manifestations de la plus hystérique haine du Boche ou refrains des troupes coloniales…

Ces chansons ont été enregistrées par les voix du Chœur et de la Maîtrise de Radio France, et forment la matière de ces chroniques qui explorent les pensées, les colères, les rêves, les espoirs et les désespoirs des Français pendant la guerre.

 

"Je crois au sang de la blessure et à l’eau du bénitier"

 

Aujourd’hui, écoutons ce Credo patriotique, dont on doit trouver encore la partition dans les archives de beaucoup de paroisses catholiques.

C’est l’œuvre de Henri Lavedan, membre de l’Académie française, qui le publie en 1916, et qui est mis en musique par Alfredo Barbirolli, compositeur d’origine italienne qui a donné à la France beaucoup de valses, de fox trot et de tangos tout légers mais qui trouve ici des accents très patriotiques.

 "Je crois au sang de la blessure et à l'eau du bénitier, au feu de l'artillerie et à la flamme du cierge" . Cette alliance du feu de l’artillerie et de la flamme du cierge, c’est une figure rhétorique de la guerre sainte – ce qui peut surprendre un chrétien d’aujourd’hui, qui n’a plus l’habitude que la Chrétienté utilise Dieu dans les canons…

C’est aussi la thématique de Prière avant la bataille, texte abondamment célébré pendant la guerre, écrit par le lieutenant Dussauze, mort pour la France en septembre 1915.

 Prière avant la bataille

(poème du lieutenant Henri Dussauze)

 

France, de vous je tiens ma vie

Il vous la faut, reprenez-la

J’ai tout quitté pour venir là

Où votre gloire me convie

 

Sur ma table mon livre dort

Ouvert où se tut ma pensée

Bien des pages restaient encor

Après la page délaissée

 

Ma fille, au son d’un clair refrain

Arrangeait des fleurs dans un vase

Mon fils, lutin qui rit et jase

Jouait par terre avec son train

 

Les yeux sombres de mon aimée

Scintillaient d’effroi, de fierté

Et de tendresse inexprimée

France pour vous j’ai tout quitté

 

Matins joyeux, soirs embaumés

Jardin en fleur, maison chérie

Tous mes amis, tous mes aimés

Mon paradis c’est ma patrie

 

France, si je vous donne tout

Exaucerez-vous ma prière ?

Votre grande œuvre de lumière

L’accomplirez-vous jusqu’au bout ?

 

En vous j’ai mis mon espérance

De justice et de vérité

Je vais mourir pour vous, ô France

Vous vivrez pour l’humanité 

Dans cette chronique, vous entendez des extraits de : Le Credo patriotique par le Chœur de Radio-France (1916, enregistrement de 2014)Extrait de Prière avant la bataille de Henri Dussauze, 1915 (lu par Jean-Yves Chilot)Le Credo patriotique par le Chœur de Radio-France (1916, enregistrement de 2014)

Retrouvez en intégralité les chansons des chroniques des semaines précédentes sur le site La Fleur au fusil de RF8, la radio numérique de Radio France.

 

La Fleur au fusil est aussi un livre sur les chansons de la Première Guerre mondiale, qui paraîtra en septembre et que vous pouvez déjà précommander sur le kiosque Radio France.

 

Vous pouvez également suivre l'actualité de cette chronique

 

Professeurs, lycéens et collégiens, France Info et l’Éducation nationale ont créé ensemble un site où vous pouvez trouver une centaine de chroniques sur des chansons chargées d’histoire, Ces chansons qui font l'histoire.

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