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Sommet de la francophonie à Djerba : qui est Chrysoula Zacharopoulou, la secrétaire d’Etat qui se dit avant tout "citoyenne européenne"

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La secrétaire d'Etat à la Francophonie, Chrysoula Zacharopoulou, lors d'une cérémonie à Paris, le 11 novembre 2022. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Chrysoula Zacharopoulou est grecque et depuis peu française. Depuis le 7 avril 2022 précisément, trois jours avant le premier tour de l'élection présidentielle, comme beaucoup de "serviteurs du Covid-19" qui ont été naturalisés, puisqu’elle copilotait Covax, le système international pour les vaccins. Six semaines plus tard, en mai, la député européenne macroniste se retrouve secrétaire d’Etat, elle qui se sent francophone, comme tous les Grecs ! "Je suis très fière d'être ministre de la francophonie", assure Chrysoula Zacharopoulou, "parce que la richesse de cette langue, ce sont des accents venus du monde entier. A l'âge de 10 ans", raconte la secrétaire d'Etat, "j'ai demandé à mes parents s'ils pouvaient m'inscrire en cours de français, parce que mon père me disait que grâce au français, la Grèce est entrée dans l'Union Européenne."  

"Pourquoi le choix de m'engager auprès du président Macron ? Car voilà quelqu'un qui ne me demande pas d'où je viens mais où nous voulons aller ? Quel monde et quelle Europe nous voulons."

Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d'Etat à la Francophonie

à franceinfo

La Francophonie comme une vision de l'Europe, qu'elle veut porter avec le sommet des chefs d’Etat de ce week-end, et au-delà.

Chrysoula Zacharopoulou est née à Sparte en 1976, un an avant Emmanuel Macron, ils sont vraiment de la même génération. Elle a 46 ans, elle a grandi près de Corinthe. Son père est un policier qui rêvait d’une Grèce démocratique, bien avant le Pasok du socialiste Andréas Papandreou. Ce père parle d’Europe à ses filles et d’égalité avec les garçons. Chrysoula joue au foot, s’imagine médecin. Elle quitte la Grèce à 18 ans pour faire ses études en Italie, se marie finalement en France où elle exerce en gynécologie.

Mais Chrysoula Zacharopoulou c'est peut-être avant tout une nature, une boule d’énergie, elle raconte qu'à deux ans elle fatigue tout le monde avec ses questions. C’est d’ailleurs ce qui ressort en premier chez tous les interlocuteurs qui la connaissent. A l’ONU, à la dernière assemblée générale, elle est accueillie par l’adjointe du secrétaire général, la Nigériane Amina J. Mohammed qui est un peu méfiante vis-à-vis de cette francophone. Le soir, on les retrouve bras dessus bras dessous, comme larrons en foire… Et c’est comme ça tout le temps.

 

La francophonie, mais pas que

Dans son porte-feuille au gouvernement, elle a récupéré l’aide au développement, qui n’existait pas dans le premier quinquennat, et ce qu’on appelait la coopération, aujourd'hui nommé "partenariats". Elle dit : "le ministère de l’Afrique, c’est fini", comprenez : la France qui maintient les pays du sud sous perfusion. 

L’Afrique c’est son sujet depuis longtemps. En 2009, elle réalise la première hystérectomie (ablation de l'utérus) au Rwanda. A la tête de Covax, elle se bat pour que des vaccins soient produits directement en Afrique. Au Parlement européen, elle est vice présidente de la commission du développement.

Sur le terrain - 18 pays visités depuis le mois de mai - elle revendique d'"écouter les besoins" pour y répondre, par exemple par des transferts de technologie et pas seulement par des fonds. C’est elle qui est allée en Afrique-du-Sud et en Indonésie décrocher les deux partenariats sur la sortie des énergies fossiles qui ont été annoncés à la COP27 en Egypte.

Trois plaintes pour violences gynécologiques

Elle qui est une spécialiste reconnue de l'endométriose fait l'objet de trois plaintes pour violences gynécologiques dont deux pour viols. Cela pose la question du "consentement des patientes" lors des examens médicaux. "On ne fait jamais un geste sans consentement. Jamais", se défend Chrysoula Zacharopoulou. "C'est un sujet qui m'a profondément blessée."

"C'était et c'est l'engagement de ma vie. Je me suis toujours battue pour les femmes, pour leur santé, en particulier les femmes atteintes d'endométriose. Il y a une évolution de la société, y compris les relations entre les patientes et leur médecins."

Chrysoula Zacharopoulou

à franceinfo

Elle refuse d'en dire plus, rappelant que la Première ministre a saisi le Comité consultatif national d’éthique pour un éclairage sur cette notion de consentement lors des examens gynécologiques. 

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