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Rentrée parlementaire : qui est Naïma Moutchou, la philippiste vice-présidente de l’Assemblée nationale ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.  

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Séance de questions au gouvernement au Palais Bourbon, en présence de la députée Naïma Moutchou, le 2 avril 2019. (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

Le Parlement fait sa rentrée ce lundi 3 octobre. La vice-présidente de l'Assemblée nationale Naïma Moutchou sera au perchoir. Inconnue du grand public, la femme de 41 ans a vite compris que présider les débats entre 577 députés, suppose d’apprendre les noms (ce qu’elle a fait) ou de connaître les 30 pages du règlement, même si elle peut se faire aider par le directeur des services assis derrière elle.

Mais que ça se joue surtout à quelques débordements qu’il faut savoir stopper, comme le 28 juillet dernier en plein tirs croisés entre élus Renaissance, RN et LFI : le député Insoumis Arnaud Le Gall lui demande la parole pour ce qu'on appelle un "rappel au règlement" après avoir été traité "d'agent de Poutine" par un élu lui-même traité "d'agent allemand".

"Cher collègue, il ne s'agit pas d'un rappel au règlement. Il n'y a pas de réponse aux orateurs. En revanche, dans cet hémicycle, il n'y a que des élus français élus par le peuple français", répond la vice-présidente depuis le perchoir. Plutôt fière de cette séquence, Naïma Moutchou partagera la vidéo sur son compte Twitter.

"J'étais concernée indirectement", explique-t-elle. Et même directement puisqu'elle est issue de l’immigration. Deux parents arrivés du Maroc en 1961. Jeunes mariés de 16 et 18 ans, ils vivront avec leurs premières filles au sous-sol de l’hôpital d’Eaubonne (Val-d'Oise) avant d’obtenir un HLM. Naïma Moutchou est la sixième des six enfants. Elle a été avocate d’affaire pendant dix ans. Elle a défendu notamment Arnaud Montebourg ou Raquel Garrido.

Puis, début 2017, séduite par le côté cash d’Emmanuel Macron, elle fait campagne pour le candidat. Quelques mois plus tard, elle apprendra par la presse son investiture pour les législatives, bien consciente que le parti La République en marche n'a pas fait ce choix uniquement pour son talent. "Je suis une femme et je m'appelle Naïma Moutchou et tant mieux ! À ce titre, j'ai beaucoup de choses à dire : je suis issue d'un milieu populaire, je suis fille d'immigrés, je suis une femme, j'ai été avocate pendant dix ans, j'ai aussi du sens politique".

"J'espère ne pas être résumée uniquement à ma qualité de femme et de diversité mais ce sont des choses que j'assume tout à fait aussi."  

Naïma Moutchou

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Naïma Moutchou ne veut surtout pas être qualifiée de féministe mais du perchoir elle confie entendre toujours des commentaires sexistes, pas forcément sur elle mais sur d’autres femmes. D'ailleurs, il lui est d’ailleurs arrivé d’avertir directement certains députés hors séance.

Pourquoi a-t-elle quitté La République en marche pour Horizons ? 

Naïma Moutchou explique qu'elle cherchait une famille politique, "pas une entreprise". Plutôt ambitieuse, elle aurait été noyée dans la masse alors que là, elle avait vu plusieurs fois Edouard Philippe à Matignon comme référente En Marche à la Commission des lois. Pari gagnant : elle se retrouve chef du "pôle idées" d'Horizons et maintenant vice-présidente de l’Assemblée nationale.

Politiquement elle se dit plutôt de centre droit. Pas question de rejoindre Les Républicains, même si elle a voté pour Nicolas Sarkozy en 2007, qu'elle veut "l'ordre dans les rues et dans les comptes" et aussi réformer les retraites.

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En cette rentrée, elle a donc bien conscience que ça va tanguer. "Tout est à appréhender. Tout est instrumentalisé. Je l'ai bien vu en tant que vice-présidente au perchoir, le bruit peut venir de n'importe quel sujet. Le budget passera certainement en 49.3. Ce n'est pas agréable mais en cas de blocage, il faut débloquer. Je n'ai pas été réélue pour être dans un quinquennat où on ne fera rien. Donc faut y aller."

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