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Qui est Bernard Pignerol, le conseiller et ami de Jean-Luc Mélenchon qui aura tant compté à gauche, dans l’ombre ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Article rédigé par franceinfo
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Bernard Pignerol, le 19 septembre 2019. (AURELIEN MORISSARD / MAXPPP)

Bernard Pignerol est mort, dimanche 21 mai, des suites d’un cancer à l’âge de 64 ans. Le conseiller de l’ombre et ami historique du chef de LFI aura dédié sa vie au militantisme. Fondamentalement à gauche, et même révolutionnaire, il a toutefois reçu des hommages appuyés à droite, notamment celui de Bruno Le Maire, qui fut son délégué de classe à l’ENA, promotion Valmy. 

L’homme très à gauche naît dans une famille bourgeoise en 1958. Son père st un ancien résistant.  Assez tôt, ses parents l’envoient en pension, dans des internats catholiques, notamment en Autriche, ce qui explique qu’il parle quatre langues et soit champion du ski ! En Autriche à 16 ans, la légende veut qu’il ait même réussi à fonder une section trotskyste. Ses études, il les fait à Paris en Droit et  décroche deux DEA, en droit public et philosophie du droit. Mais on le verra aussi du côté de l’École du Louvre. 

Bernard Pignerol passe l'ENA au titre du troisième concours


Durant ces années 1980, il milite déjà à la branche communiste de l’organisation étudiante UNEF. Il n’adhère pas à la LCR mais se lie avec la petite bande qui s’apprête à rejoindre le Parti socialiste et fonder SOS racisme qu’il va d’ailleurs administrer pendant huit ans. Cette gauche socialiste qu’a bien connu Jérôme Guedj, lui qui a salué sur twitter les nombreuses vies de Bernard Pignerol, connu tout jeune. "Quand j'avais 20 ans en 92, il avait déjà une petite trentaine d'années, se souvient Jérôme Guedj. Il était dans la bande de Julien Dray, parmi les fondateurs de SOS Racisme. Il était dans les cadres dirigeants. Il était dans ceux qui formaient les jeunes, puis après il y a le Bernard qui se remet à ses études. Il passe l'ENA au titre du troisième concours ce qui est vraiment admirable et il le réussit. Il avait la légitimité militante et l'ancrage dans la haute-fonction publique. Il se délectait de ça. D'ailleurs sa vie, jusqu'à la fin, était au Conseil d'État tout en conseillant en même temps ean-Luc Mélenchon."

Jean-Luc Mélenchon adorait lui aussi avoir avec lui ce conseiller d’État. C’était vraiment un très proche, certains disent "un frère". Avec son gabarit – très grand – et son habitude des manifs un peu violentes de jeunesse, il était presque même devenu garde du corps pour un Jean-Luc Mélenchon, dit Jérôme Guedj pour avoir parfois eu peur dans les manifs. Bernard Pignerol était ce mélange qui plaisent tant au leader de la France Insoumise. À la fois bon compagnon de dîner, avec qui on peut aussi déambuler au Louvre, écrire des textes politiques et qui permet de dire aux énarques : et moi aussi, j’en ai un d'énarque, donc on me la fait pas ! 

Des années au côté de  Bertrand Delanoë


Il a été son conseiller quand il était ministre de l’Enseignement professionnel. Et pourtant, "Pignerol" ou le Cardinal comme certains l’appelaient, avait pris un chemin différent à une époque. C’est même le seul ou presque à qui Jean-Luc Mélenchon a pardonné au moment de sa rupture avec le PS en 2008. Bernard Pignerol passera des années chez Bertrand Delanoë, conseiller international à la mairie de Paris. Il soutiendra même François Hollande à la présidentielle de 2012. Mais les deux hommes se retrouvent toujours. Et pour le coup, il sera l’un des acteurs principaux au moment de la constitution de la NUPES – qui réunit l’année dernière les socialistes, les écologistes, les communistes et la France insoumise au moment des élections législatives. Jérôme Guedj a vécu ça, depuis les rangs du PS. "C'est par lui qu'on faisait passer les messages", indique Jérôme Guedj, Il milite pour que Jean-Luc Mélenchon fasse l'union de la gauche, en faisant passer le message à tout le monde que le Jean-Luc Mélenchon avec lequel ils allaient 'pacter' aujourd'hui, n'était pas celui avec lequel ils avaient milité 20 ans auparavant parce que la France insoumise et les trois campagnes présidentielles l'ont changé. Je le regrette parfois pas si Bernard Pignerol avait été aux côtés de Jean-Luc Mélenchon en 2017 plus tôt, il l'aurait peut-être convaincu à ce moment-là de faire l'union de la gauche." 

Jean-Luc Mélenchon lui avait aussi confié les clefs de l’Institut La Boétie, l’école de formation de la France insoumise, dont il avait été le premier président. Bernard Pignerol aurait même été Secrétaire général de l’Elysée, si Jean-Luc Mélenchon avait gagné la présidentielle. Ce dandy, très séducteur comme le décrivent beaucoup, en aurait rêvé. Sur twitter, Jean-Luc Mélenchon a eu ces mots : "Notre camarade est passé dans les morts, le cancer l’a tué. La détresse nous frappe. Il était un ami essentiel pour moi."

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