Qu'est-ce que le "char à voile", discipline dans le vent depuis la polémique sur les déplacements en avion du PSG ?

Pour ceux qui étaient à la plage depuis 24 heures, résumons comment tout cela a démarré. L'entraîneur du Paris Saint-Germain était interrogé, lundi 5 septembre, sur les déplacements polluants de son équipe. Christophe Galtier, a ironisé sur de possibles voyages "en char à voile" ce qui a irrité la classe politique et agacé au sein du club.

Alors pourquoi Christophe Galthié, à cette question sur le fait d’être allé jouer à Nantes en avion, répond qu’il songe à emmener les joueurs désormais en "char à voile" ? Dans le genre transport zéro carbone, l’entraineur du PSG pouvait choisir le parapente, le deltaplane, le pigeon voyageur, mais non : le char à voile ! Est-ce en souvenir de ses années au club du Losc, dans le Nord où les grandes plages se prêtent évidemment à cette discipline ? Je vous avoue que je n’ai pas la réponse.

La France championne du monde de char à voile

En tout cas, information importante : le Paris-Nantes en char à voile est faisable. Le bureau de la Fédération française de char à voile, qui était en réunion lundi soir, a fait un petit calcul sur un coin de table. Par l’autoroute, à supposer que les mats passent sous les ponts, avec un vent bien orienté, ce serait l’histoire de 8 à 9 heures de route avec une empreinte carbone nulle. Pas sure que les joueurs du PSG aient ce temps. Notre intrus, en aout cas, se frotte les voiles. On n’a jamais autant parlé de ce sport sur les télévisions du monde entier profitant du fait que cette sortie de Christophe Galthié s’est produite en conférence de presse pour un match internationale contre la Juventus Turin.

Et ce n’est que justice parce que la France est championne du monde en titre de char à voile. Elle est championne du monde par équipe chez les hommes et chez les femmes ! La France domine avec pourtant très peu de pratiquants : même pas 2 000 licenciés. Il faut des longues plages. Ça ne s’y prête pas partout ! Ça marche bien en Belgique ou en Allemagne, et maintenant un peu plus loin en Argentine. Aux Etats-Unis, il y a eu des championnats du monde dans le Nevada. Mais à chaque fois, c’est très peu de monde. En France, 110 clubs ou structures affiliées en France, ce qui fait environ 6 000 chars à voile mais si on compte les passages dans les écoles c’est pratiquement 400 000 par an.

Un champion du monde nommé Ribery

Dans tous les clubs aujourd’hui, évidement on ne parlait que de ce buzz ! Au club des Drakkars à Hardelot (qui est le berceau du char à voile, on y reviendra), le responsable a un palmarès long comme le bras, plusieurs fois champions du monde, champion d’Europe, et champion de France. Et il se marrait lui, qu’un champion du monde de football chambre ainsi une discipline où la France est également elle aussi sur le toit du monde. Surtout que son nom sonne un peu comme un nom de footballeur : Grégory Ribéry "C'est génial pour nous, déclare le champion de char à voile. Chez mon constructeur de char à voile, qui est basé près d'Amiens, on n'a quasiment parlé que de ça pendant deux heures. Pour placer les choses dans leur contexte, on n'est pas un sport olympique, on n'a pas énormément de licenciés, mais après, voilà, on est assimilés dans nos résultats aux sportifs de haut niveau. Pour la petite histoire, on fait des petites blagues au club, parce que j'ai mon cousin Franck Ribéry qui, pour ne pas le nommer, qui n'a jamais été champion du monde de football. C'est des petites boutades qu'on fait au club Mais bon, on vit notre passion, c'est déjà essentiel." Entre football et char à voile, ça chambre dans les deux sens visiblement.

"Si ça peut avoir un impact positif et qu'on fait parler un petit peu de char à voile, pourquoi pas."

Grégory Ribéry, champion du monde de char à voile

à franceinfo

Le char à voile est donc né à Hardelot. Il y a une petite guéguerre du côté de la côte d’Opale entre Berck et Hardelot. Il semble bien que ce soit Hardelot où Louis Blériot s’était fait construire une villa (détruite par les bombardements). Et précisément, c’est Blériot, le premier pilote à avoir traversé la Manche en aéroplane, le 25 juillet 1909 qui revisite cet engin sur la plage d’Hardelot. Pour être tout à fait juste, Grégory Ribéry le sait, on en trouve des traces en Egypte et en Chine bien plus tôt. "C'est un moyen de transport utilisé par les Chinois pour le transport des marchandises à l'époque, c'était de grandes charrettes avec quatre roues et une voile tout simplement, explique Grégory Ribéry. Puis après il y a Bleriot qui a fait ce qu'on appelait à l'époque l'aéroplage. On avait deux roues directrices à l'avant et deux roues arrière qui suivaient le mouvement. Et il a utilisé des termes d'aviation, notamment dans de pilote, tout simplement. On met les pieds sur une petite barre qui va diriger la roue avant, qui permet de tourner de gauche à droite. C'était pratiqué sur la plage parce que ça s'est créé sur la plage et bien après. Là, ça se démocratise. Quelques essais ont été fait sur des terrils. En altitude, il y a un peu plus de vent donc, que ce soit du bitume ou même de la glace, le tout est d'avoir un peu de vent pour pouvoir faire gonfler les voiles et accélérer."

Dommage quand même que la sélection pour Paris 2024 soit déjà passé parce que notre intrus aurait eu ses chances avec tout ce buzz. Le char à voile était candidat avec 36 autres disciplines. La plage d’Asnelles dans le Calvados avait même été choisie (avec encore un champion du monde : François Garnavault) Hélas, le comité d'organisation a préféré donner sa chance à l’escalade, au skate, au surf et au breakdance. Le char à voile a pris un vent. Il y aurait mille histoires de char à voile à raconter. Le record du monde de vitesse est à 202,9 km/h, détenu par un anglais. À noter que les miss France 2022 ont testé le char à Ouistreham, l’hiver dernier pendant leur entrainement. En tout cas, si vous voulez voir notre intrus, foncez aux championnats d’Europe du 1er au 7 octobre. C’est juste à côté du Touquet, à Camiers. Et comme on dit chez les footeux et chez Vegedream : "Ramenez la coupe à la maison !"