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Crise énergétique : qui est Camille Jaffrelo, la jeune porte-parole de la centrale de Saint-Avold qui "vend" la reprise de la production de charbon ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La centrale à charbon de Saint-Avold, en Moselle, le 26 septembre 2022. (THIERRY LINDAUER / MAXPPP)

La reprise de la production d'électricité, lundi 28 novembre, dans la centrale à charbon de Saint-Avold place en pleine lumière une porte-parole inattendue, également directrice de cabinet du président de GazelEnergie – les anciens Charbonnages de France, repris en 2018 par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.  guette le thermomètre depuis le 1er octobre, date à laquelle, la relance de la production sur le site mosellan était légalement possible. Sauf que depuis, vu la météo, il n'y avait pas de besoin.

Cette femme en tout cas s'amuse elle-même, jour après jour, de ce qui ressemble un peu à un contre-emploi finalement, vendre la relance de la production de charbon, surtout en étant une femme, et jeune. "La blonde qui débarque à 27 ans au pied de la centrale à charbon, c'est toujours particulier au premier abord. Je vous avoue que, parfois, je souris de voir la surprise des personnes quand il me rencontre et qu'il me voit. Ce que l'on nous demande, ce n'est pas juste de brûler du charbon, ce que l'on nous demande c'est de sécuriser le système électrique national. Si on commence à expliquer aux gens que l'on a refusé de consommer du charbon pour mettre tout le monde dans le noir, je ne suis pas extrêmement sur que l'on va avoir une grande acceptabilité de la transition énergétique dans le pays."

Sa carte à l'UMP depuis qu'elle a 16 ans

Le ton est donné. On l'aura compris : le charbon, elle assume ! Et ce n'est pas la seule chose étonnante dans son parcours. Camille Jaffrelo a donc 27 ans. Elle ne vient pas de l'industrie mais des sciences politiques. Elle a fait Sciences Po Lille et un master en management des politiques publiques, chez elle, à Nantes. Ses parents d'origine modeste lui avaient bien fait comprendre qu'elle avait intérêt à faire des études. Un père ouvrier sur le port de Saint Nazaire, une mère fonctionnaire au département de Loire Atlantique et un grand père paysan. Pas vraiment de réseau en tout cas, mais quand on parle d'opportunités : le fait d'être au conseil d'administration de Sciences Po comme étudiante la met en contact avec des politiques comme Gerald Darmanin. Elle a sa carte UMP depuis qu'elle a 16 ans, et enchaine les stages et les petits boulots auprès du sénateur UMP André Criard.

Le sujet charbon et énergie arrive par la politique justement. En 2016, elle a 21 ans à l'époque, elle est référente Loire-Atlantique pour la primaire du centre et de la droite pour Bruno Le Maire et bascule en Macronie. Au moment où le candidat Emmanuel  Macron annonce la fermeture de la centrale de Cordemais, centrale à charbon de Loire Atlantique associée au lancement du parc d'éolienne de Saint Nazaire. Le sujet la passionne. Elle en fait son mémoire tout en travaillant comme attachée parlementaire de la député de la circonscription Anne-France Brunet avec qui ça va mal se passer. Une enquête est d'ailleurs en cours pour harcèlement et violence à la suite de la plainte qu'elle a déposé au printemps de cette année.

Un projet de transformation du site

En Loire-Atlantique, elle a aussi croisé la route de François de Rugy, président de l'Assemblée nationale qui la prend en stage au ministère de la transition écologique, puis sur sa liste La République en marche aux régionales en 2019, où elle sera battue, dans le canton de François de Rugy précisément. Mais c'est donc cette candidate à la succession d'un ancien écologiste qui se retrouve aujourd'hui à "vendre" la reprise de la production de charbon à Saint-Avold .

Un vrai rôle d'intruse, d'autant que la mission de départ, lorsqu'elle a été embauchée il y a trois ans, était d'arrêter le charbon et avec un projet de transformation du site. "Vous ne signez pas pour un job quand on vous dit juste que vous allez fermer le charbon et que vous allez licencier 75% des effectifs. C'est : 'On va fermer une page, qui va être douloureuse à fermer, et on va faire autre chose.' En lieu et place du charbon, on va réussir à se réinventer sur des énergies qui seront porteuses d'avenir avec un plan d'investissement massif en France. Les jeunes salariés à Saint-Avold veulent tous être reclassés d'abord dans la biomasse et l'hydrogène."

En attendant cette production de biomasse d'ici deux ans, 80 salariés sont donc retournés au charbon lundi matin à Saint-Avold "avec beaucoup de fierté", affirme cette porte-parole qui, disons-le, ne manque pas d'énergie.

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