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Crainte de pénuries : qui est Xavier Piechaczyk, le "Jérôme Salomon de la crise énergétique" ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Xavier Piechaczyck, président du Directoire de RTE, invité du 8h30 franceinfo, le 1er décembre 2022 (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Totalement inconnu du grand public il y a encore quelques semaines, le patron de RTE, l’organisme qui gère le réseau de Transport d’électricité, sort de l’anonymat avec la chute des températures et la crainte de coupures de courant. C’est lui qui fait la pédagogie dans les studios de radio et les plateaux de télévision. Cette formule : le "Jérôme Salomon de la crise énergétique" ,qu’il faut rendre à Marc Fauvelle et au journal les Échos pour être honnête, la formule les a fait rire, tous les deux. Ils ont échangé des sms pour se le dire ces derniers jours. Leurs parcours de hauts fonctionnaires se sont croisés par le passé. 

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Mais l’analogie a ses limites, explique Xavier Piechaczyck qui se voit surtout comme un chef d’entreprise publique avec des 10.000 salariés, cinq milliards de chiffre d’affaires. Il a d’ailleurs rendez-vous avec les syndicats de RTE, lundi 5 décembre en début de soirée.

Passionné de construction 


Xavier Piechaczyck a 53 ans, trois enfants. Issu d’une famille de médecins et d’enseignants, des deux câtés, il possède un parcours étudiant et professionnel qui n’a rien à voir et qui tourne autour de l’ingénierie et de la politique. Ingénieur des travaux publics de l’État, diplômé de l’ENTPE, il enchaîne avec un deuxième diplôme d’ingénieur : aux Ponts et Chaussées. Et en prime, un doctorat en Sciences Politiques à Sciences Po Grenoble. 

Sa grande passion c’est la construction : les ponts, les routes, les trains aussi. Il y passe les 10 premières années de sa vie professionnelle dans la haute administration de l’Équipement, puis de l’Écologie. Il débarque finalement à Matignon en 2012 : Jean-Marc Ayrault vient d’être nommé Premier ministre de François Hollande. Il est proche des socialistes et a eu sa carte au PS.  Avec sa double casquette ingénieur + politique, il va en plus piloter les conseillers énergie, environnement  et logement. 
Il ne connait pas l’ancien député-maire de Nantes mais il s’impose assez vite comme un homme assez habile pour gérer la colère des bonnets rouges, ou encore la catastrophe de Brétigny-sur-Orge. 
Au passage Xavier Piechaczyck élargit son réseau puisque le conseiller budget s’appelle Clément Beaune et  le secrétaire général adjoint, Emmanuel Macron. Les trains, l'équipement, l'écologie l'ont amené à rencontrer Élisabeth Borne.

RTE arrive assez logiquement avec cette casquette énergie. Après une dernière année en politique à l'Élysée; chez François Hollande, il entre en 2015 au directoire de RTE. Il s'occupe de plus de 4000 salariés à la maintenance. Patron de terrain m'a-t-on dit. Et il est finalement nommé à la tête de RTE en 2020, vec l'ambition notamment de dés-hystériser le débat entre les anti-nucléaires et les anti énergies renouvelables

Avec la pénurie qui menace cet hiver, le patron de RTE sait qu’il aura fort à faire, à la fois pour gérer l’entreprise, mais aussi pour faire évoluer le débat public. Au travers notamment du rapport sur les futurs énergétiques que RTE vient de rendre et qui, pour lui, touche à des questions quasi philosophiques. "Le mix électrique, c'est un débat sur la société française", estime Xavier Piechaczyck. Si on pouvait de cet hiver avec une forme de conscience que les questions d'énergie, c'est une cause nationale, une cause souveraine. Moi j'aimerai bien qu'on arrive à construire une concorde autour de ça. Ce que j'aime bien dans les questions d'énergie et les questions d'électricité, c'est qu'elles symbolisent une forme d'intégration européenne. Le mix incarne une forme de solidarité nationale."

"Quelqu'un qui fonctionne à l'adrénaline"

 

Rassurant en interview quant au risque de coupures pour cet hiver, il ne semble pas particulièrement angoissé à titre personnel. Son entourage le présente comme quelqu'un de serein. Un de mes interlocuteurs m'a dit : "ça ne l'angoisse pas, il est presque impatient de vraiment gérer ça, comme il a géré tant de crises à Matignon par exemple. C'est quelqu'un qui fonctionne à l'adrénaline." Avec un indispensable supplément de culture ! Son compte twitter est rempli de conseil d'expositions, d'architecture. De Nikki de Saint Phalle à la villa Cavrois dans le Nord. Le livre à lire : c'est Artifices de Claire Berest – qu’il présente comme un "quasi polar sur fond d'art contemporain."

Avec un nom pareil - Piechaczyk - je lui ai finalement demandé, en clin d’œil, s'il avait regardé France-Pologne dimanche, et comment il l’avait vécu ? Dans un sourire, il m’a répondu qu’il avait "autant de sang polonais que périgourdin et d’Arras."  Qu’il n’avait plus de polonais que le nom. "J’ai tellement bien vécu le match que je ne l’ai pas vu, à la place, je suis allé voir Starmania, que je conseille à tout le monde parce que c’est vachement bien." Avec les dizaines de sollicitations média que RTE reçoit désormais pour lui chaque jour, pas sûr qu'il ait encore beaucoup le temps d'aller autant au spectacle dans les prochaines semaines. 

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