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Assaut des bolsonaristes : qui est Valdemar Costa Neto, le président du parti de Jair Bolsonaro qui condamne les incidents à Brasilia

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le président du Parti libéral, Valdemar Costa Neto, lors d'une conférence de presse à Brasilia le 23 novembre 2022. (EVARISTO SA / AFP)

Valdemar Costa Neto est le chef du Parti libéral, le PL. Non pas le parti historique de Jair Bolsonaro, il adhéré à beaucoup d’autres dans sa vie, mais c’est l’étiquette sous laquelle le président sortant s’est présenté à la dernière présidentielle brésilienne et a été battu. Et bien lundi 9 janiver, notre intrus du jour, le président de ce parti, Valdemar Costa Neto, prend ses distances avec les saccages du week-end.

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 "C'est un triste jour pour le Brésil, déclare-t-il. Toutes nos manifestations qui se sont déroulées après les élections ont été des exemples de l'éducation et du caractère du Brésil. Certaines familles représentaient Bolsonaro, représentaient la droite et tout s'est déroulé dans le calme et l'ordre." 

"Ce mouvement qui vient de Brasilia aujourd'hui est une honte pour nous tous et ne représente pas notre parti. Il ne représente ni Bolsonaro, ni la police, ni la sécurité."

Valdemar Costa Neto, chef du Parti libéral

Attention, ce n’est pas encore une condamnation complète puisque Valdemar Costa Neto continue de justifier les campements de protestation installés ces dernières semaines devant les casernes militaires pour exiger une intervention de l’armée et maintenir Jair Bolsonaro au pouvoir. Les barrages routiers avaient été levés par la police mais des milliers d’électeurs déçus continuaient de camper devant les sites militaires. 

Aux dires de plusieurs spécialistes du Brésil, Valdemar Costa Neto incarne toute la complexité du paysage politique brésilien où les retournements de veste succèdent aux retournements de veste. Il a 73 ans. Trois enfants d’un premier mariage qui se termine en 1993 et une fille d’un second mariage. Originaire de Sao Paulo, il a suivi les traces de son père, un homme d’affaires et homme politique. Maire d’une des 39 communes de São Paulo dans les années 70/80/90 et à qui le grand São Paulo doit une bonne partie des routes dans sa partie Est. Le petit Valdemar grandit dans cet environnement. Il étudie l’administration des affaires, à l’Université et à 28 ans, en 77, son père le prend comme directeur de cabinet à la mairie de Mogi Das Cruzes. Il sera successivement chargé des travaux, des transports, des services urbains. À 31 ans : il est déjà PDG de la compagnie de Développement de la commune, cinq ans plus tard, directeur administratif de la compagnie des Docks de São Paulo. Et en 1990, il se lance en politique. Il sera élu six fois député même s’il démissionne deux fois. Depuis son premier mandat, il était aussi chef du banc de ce Parti libéral... Et depuis 2000 : président du parti. 

Leader d'un parti opportuniste

Placer le PL sur l'échiquier politique relève du casse-tête. C'est l'un de ces partis du centre, qu'on appelle plus volontiers parti opportuniste car il adhère à l'idéologie du parti en place. Qui monnaie son soutien au congrès en échange de tous types d'avantages, l'accès à des postes, l'accès à des choix budgétaires pour certains parlementaires. Donc en 1994, Valdemar Costa Neto s'allie et aide à faire élire le président social-démocrate Fernando Cardoso mais son parti entre dans l'opposition fin 1995 et y reste pour sept ans.  En 2002 : il emboite le pas à Lula, l'ancien syndicaliste du Parti des travailleurs, en permettant l'alliance électorale avec le Parti libéral, plaçant au passage un vice-président, José Alancar. C'est là qu'il démissionne au bout de trois ans , payant seul l'accord financier qui avait permis cette alliance électorale (ce qu'on a appelé le scandale des allocations mensuelles). Cela ne l'empêche pas de revenir deux ans plus tard et d'être réélu en 2007, puis de démissionner à nouveau en 2013 après avoir été condamné pour corruption, dans cette même affaire. La même année en 2015, il est par ailleurs condamné pour des dommages environnementaux causés, cette fois, par sa société minière dans la région de São Paulo. Il vend l'entreprise, ce qui ne le dispense pas de payer la forte amende. 

Durant le mandat de Jair Bolsonaro, Valdemar Costa Neto a fait un virage à droite, cette fois. Au point que lors des élections d’octobre, le président s’est finalement présenté sous la bannière PL. Après la défaite, certains s'attendaient à ce que Valdemar retourne à nouveau sa veste et reparte chez Lula. Et pourtant ! En novembre, c'est lui qui annonce que Jair Bolsonaro sera candidat à la présidentielle de 2026, faisant le pari qu'il n’est pas terminé. "Le bolsonarisme progresse tellement rapidement, dit-il, qu'il devient plus grand que Bolsonaro". Pas surprenant qu’il ait donc condamné les violences que Jair Bolsonaro lui-même a condamné dans la journée. 

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