Rythmes scolaires : un désaveu pour Vincent Peillon ?
Un désaveu ? Quel désaveu ? Au ministère de l'Education
nationale, on minimise, bien sûr. Il y a encore quelques semaines, Vincent
Peillon lui-même fixait pourtant clairement l'objectif : un écolier sur deux passant
à la semaine de quatre jours et demi dès la rentrée prochaine. Cet objectif
n'est pas atteint, ce sera même moitié moins. Et alors ?, fait mine de
s'interroger le ministre, en déplacement à Rennes ce week-end : "Il
y a 25% d'élèves qui vont passer, les autres passeront l'année prochaine. Si
certains ont besoin de plus de temps et bien ils prennent plus de temps. "
Une réforme difficile
Aucun problème, vraiment ? Devant les jeunes interviewers de France Info junior, le ministre fait tout de même part de
"regrets" : "Je le regrette, mais c'est parce qu'elle est
difficile à mettre en place. Cela va se faire progressivement. "
"On n'a jamais pensé que ce serait une réforme facile ",
fait-on valoir au ministère et "il vaut mieux afficher des ambitions
hautes " au départ. Le ministère, qui dénonce une "politisation "
du débat par les maires de droite, oublie peut-être un peu vite la défection de
maires de gauche, comme Gérard Collomb à Lyon, puis Martine Aubry à Lille.
A l'approche des municipales, nombreux sont les maires de
droite qui n'ont pas joué le jeu, reconnaît un élu UMP qui, lui, a décidé
d'appliquer la semaine de quatre jours et demi dès 2013. C'est Alain Chrétien, le
maire UMP de Vesoul.
"Les enfants ne doivent pas être les otages de
querelles politiciennes. Luc Chatel avait lancé une étude en 2011 qui concluait quasiment aux mêmes
conclusions que le gouvernement actuel. Mais je comprends aussi que des
communes de gauche, comme de droite, n'est pas le temps de se retourner pour s'organiser.
C'est une réforme qui est un peu précipitée, il faut l'admettre. "
Une réforme fortement attaquée à droite
Sa méthode, son caractère, les attaques ad hominem ne sont
pas rares à droite. Certains rappellent qu'à peine nommé ministre, et avant
même son entrée en fonction, Vincent Peillon se précipitait déjà devant les
micros pour annoncer cette réforme des rythmes scolaires. "Ce qui est
terrible pour Vincent Peillon, c'est qu'il est un petit ministre de l'Education
nationale. Il est abîmé dans sa confrontation avec le corps enseignant, dans sa
confrontation avec les municipalités qui ne croient pas en sa réforme. Pire, il
ne marquera pas l'histoire parce qu'il n'aura pas eu le courage de porter une
réforme audacieuse. Il est temps que l'on est un grand ministre de l'Education
nationale en France, " estime Guillaume Peltier, vice-président de l'UMP,
enseignant de formation.
Même si tous ne sont pas contre
Au PS, on dénonce des attaques politiciennes, qui visent à
cacher le vide des idées. "Ils sont dans la caricature, dans les attaques
personnelles, parce qu'ils n'ont rien à proposer sur l'école. Ils n'ont pas de
crédibilité sur le sujet car les dix dernières années ils se sont contentés de
casser l'école de la République avec 80.000 postes supprimés. Quand on n'a rien
à dire, il vaut mieux se taire ", déclare Eduardo Rihan Cypel,
porte-parole du PS, proche de Vincent Peillon.
Tous à droite ne pilonnent pas l'homme Vincent Peillon, loin
de là. Benoôt Apparu, ex-ministre, député UMP de la Marne : "Quand
une réforme passe mal on met toujours cela sur le dos de l'absence de
concertation, sur le caractère. Je me soucie assez peu du caractère de Vincent
Peillon. Ce qui m'intéresse c'est de savoir si la réforme qu'on nous propose
est efficace ou pas pour les enfants. "
Pour Benoît Apparu, l'erreur majeure est d'avoir saucissonné
la réforme, en traitant le rythme hebdomadaire indépendamment du rythme annuel.
Le ministère annonce en effet une grande concertation en 2015, avec comme
objectif le raccourcissement des vacances d'été, un sujet qui aurait mis
d'emblée le feu aux poudres, argumente l'entourage du ministre, qui défend le
rythme réformateur choisi, et affiche son optimisme : "dans deux ans, plus
personne ne pensera à la semaine de quatre jours ".
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