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Le Mondial peut-il booster François Hollande ?

Il faudrait pour cela que les Bleus dépassent les quarts de finale. Mais l'effet Mondial serait quand même très limité, à la différence de 1998.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Najat Vallaud-Belkacem en rêve, l’Elysée aussi. La ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, avant de s’envoler pour le Brésil, a distribué hier des écharpes de l’équipe de France à ses collègues du gouvernement : il n’y a pas que la grève à la SNCF ou le budget rectificatif dans la vie ! Najat Vallaud-Belkacem se dit emballée par le comportement de ces Bleus, exemplaire à ses yeux, aux antipodes de ce que nous avons enduré il y a quatre ans. Elle qui espère qu’ils ne s’arrêteront pas aux quarts de finale comme le prédisent la plupart des commentateurs. La ministre devenue première supportrice, qui est sur place pour quatre jours, a déjà prévu d’y retourner à compter des huitièmes de finale. Si tout va bien. Son entourage explique que l’engouement autour de nos jeunes footballers va compter : si nous leur faisons confiance, alors ils auront confiance en eux-mêmes. Ce qui va se passer avec les Bleus serait même positif pour l’emploi des jeunes. Ce bel enthousiasme mérite d’être salué en ces temps de déprime gouvernementale. 

François Hollande au Brésil ?

L’idée est à l’étude. Reste à savoir quand ce serait possible. Il s’agit là du premier dossier de Nathalie Iannetta, la toute nouvelle conseillère sport de l’Elysée, ancienne journaliste foot de Canal+, qui a rencontré Najat Vallaud-Belkacem hier matin. A partir de quand un tel déplacement est-il envisageable ? Une demi-finale ? La guigne est que si les Bleus parvenaient en finale – on peut rêver- c’est-à-dire le 13 juillet au soir, le chef de l’Etat ne pourrait pas s’y rendre, vu la distance, à moins d’organiser le défilé du 14 juillet dans les rues de Rio ou de Sao Paulo. François Hollande, qui a joué en club dans sa jeunesse au FC Rouen, a fait un premier pas en direction des Bleus en déjeunant avec eux à Clairefontaine il y a quinze jours, invoquant un nécessaire "dépassement de soi". La rhétorique footballistique est fin prête. Dès les premiers éventuels exploits des Tricolores au Brésil, la machine à métaphores tournera à plein régime.

Pas ou peu de bénéfice pour le président

Il n'y en aura pas, à en croire Frédéric Dabi. Le directeur opinion de l’IFOP rappelle que ce n’est pas sur ce terrain-là que les Français attendent le président Hollande, mais sur celui des résultats économiques et de l’emploi. Tous les hommes politiques ont en tête un schéma idéal, qui ne s’est produit qu’une seule fois : 1998, le président Chirac, qui a sombré l’année précédente avec sa dissolution ratée, est touché par la grâce de l’effet Mondial, "et un, et deux, et trois, zéro", avec une popularité à 67% - 65 pour Lionel Jospin. Mais ça se passait en France, sous la cohabitation, en pleine période de croissance. Une victoire des Bleus ne boosterait sans doute pas François Hollande, du moins pas au niveau qu’a connu Jacques Chirac il y a seize ans déjà. Mais elle aurait le mérite de redonner un peu de baume au cœur, de réenchanter un pays qui doute trop de lui-même.

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