Cet article date de plus d'onze ans.

La guerre Fillon Sarkozy aura bien lieu

François Fillon déclare la guerre à Nicolas Sarkozy dans Valeurs Actuelles. La machine à perdre est réactivée à droite.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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A plein
régime ! Et ce n'est pas le fait du hasard. François Fillon a mis en place
un plan média bien précis, destiné à entériner cette " rupture " qu'il
revendique à son tour, un mot puisé dans le petit dictionnaire du sarkozysme. Ses
confidences à Valeurs Actuelles, hebdomadaire qui assume son marquage très à
droite, sont la réplique de celles que Nicolas Sarkozy avait accordées au même magazine
en mars dernier, dans lequel l'ancien président avait confié qu'il ne
souhaitait pas revenir en politique, sauf s'il y était obligé. Non " pas par
envie. Mais par devoir ".  Ces
propos, pilotés alors par le conseiller Patrick Buisson, avaient fait sensation.
Sept mois plus tard, par un incroyable effet de symétrie, dans les colonnes de  ce même journal, François Fillon sort les colts,
et il balance : " Aujourd'hui, je crois que je suis mieux placé que
Nicolas Sarkozy pour l'emporter en 2017. Si je ne le pensais pas, je ne serais
pas candidat ". La campagne pour la présidentielle à l'UMP vient officiellement
de démarrer, avec deux prétendants qui s'adressent symboliquement à l'électorat
le plus à droite de l'ancienne majorité.

Pourquoi
l'ancien Premier ministre démarre si tôt ?

Il n'a
guère le choix. D'abord, Nicolas Sarkozy lui aussi, il y a dix ans, y a pensé en
se rasant dès son arrivée place Beauvau. François Fillon ensuite fait le
constat d'une radicalisation du débat à l'approche des municipales et des
européennes. Il suffit de lire le titre judicieux du Figaro il y a trois jours :
" Valls, Sarkozy, Le Pen : la martingale du succès ".  L'ex-Premier ministre est conscient que pour
en être, il faut cliver. Soit il ne fait rien, et conserve son image centriste
lisse, et il passe aux oubliettes. Soit il casse le moule et les projecteurs se
braquent sur lui. La preuve, nous en parlons ce matin.

Sa
déclaration rebat les cartes à l'UMP pour 2017 ?

Oui et
non. Jean-Pierre Raffarin évoquait récemment le carré d'as des candidats pour la
présidentielle : Sarkozy, Fillon, Copé, Juppé. A la vérité vérité, seuls les
deux premiers vont rester en piste. Alain Juppé, gardien du temple RPR, incarne
une ligne trop chiraquienne et centriste. Jean-François Copé, impopulaire en dehors
de l'UMP, va se recentrer sur la reconstruction d'un parti abîmé par les luttes
de clans.

Pourquoi
la droite n'arrive pas à se reconstruire ?

Parce qu'elle
n'a pas fait le deuil de la défaite. Nous n'allons pas rouvrir ce matin le
chapitre du droit d'inventaire. Mais juste rappeler qu'à gauche, en 2002,
Lionel Jospin battu avait annoncé qu'il quittait la vie politique. Et il s'y
est tenu. Nicolas Sarkozy en 2012 s'est juste mis en retrait. Tout en
continuant à faire la pluie et le beau temps à l'UMP en coulisses. Son
omniprésence a faussé les cartes de la primaire, qui a fini en guerre
fratricide. François Fillon fait le pari que l'ex-président n'est populaire que
parce qu'il n'est pas encore sorti du bois, et que dès qu'il réapparaîtra, les Français
n'en voudront plus. Mais cette fois, nous y sommes : la guerre à droite, avec
une Marine le Pen en spectatrice au balcon, va reprendre de plus belle, entre
ces deux chefs qui se détestent. Un Yalta ne suffirait pas à les réconcilier.

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