L'UMP en attente de renflouage
Elle n'est pas morte, mais elle est très malade, et son
sauvetage, idéologique et financier, ressemble au renflouage du Costa
Concordia. Mais tout de même : la prophétie de Jean-Louis Borloo n'est pas
près de se réaliser. Le patron de l'UDI a déclaré de manière spectaculaire,
samedi à Poitiers, que l'UMP, avec sa prétention d'incarner la droite et le
centre, était morte cette semaine. Enterrée par François Fillon et sa
proposition de choisir le moins sectaire en cas de duel PS-FN aux municipales. Sur
le papier, si les centristes claquaient la porte, ce serait un désastre pour
l'UMP. Mais ils ne le feront pas, eux qui jouent depuis une décennie la
chansonnette du "retenez-moi ou je fais un malheur". Un peu comme
les Verts avec le gouvernement. Le problème de l'UMP est ailleurs : c'est
celui de la droitisation.
L'UMP ne va pas mourir
malgré la montée en puissance du Front national ?
Non. Tout d'abord parce que Jean-François Copé a réaffirmé
hier soir sur TF1 qu'il n'y aurait pas d'alliance avec les extrêmes, ce qui va
calmer les envies de certains de quitter le navire. Et puis le patron de l'UMP l'a
rappelé: le premier parti de France n'aura pas de difficulté à passer la barre
des 10% pour se qualifier au deuxième tour des municipales. Le problème, ce sera la confrontation en
triangulaire avec le Front National, sur des bases idéologiques qu'il va
falloir préciser, en direction d'électorats souvent très proches. Le débat, très
théorique, initié par François Fillon, a le mérite de
pointer les changements qui se produisent au sein de l'opinion.
L'ex-Premier ministre,
silencieux depuis sa déclaration, va s'expliquer ce matin.
"Lui et lui seul peut apporter cette clarification",
confiait hier l'un de ses proches soutiens, qui estime que François Fillon a
parlé un peu vite et aurait dû déminer tout de suite. Lui qui brocardait il n'y
a pas si longtemps les pains au chocolat de Jean-François Copé donne
aujourd'hui l'occasion à son rival de se poser en modéré, et de lui faire la
leçon. Un comble. Mais l'essentiel est ailleurs, pointé par le tweet
" alerte rouge " de Jean-Pierre Raffarin.
"Le vote FN est une ligne de fracture pour l'UMP",
a dit l'ex-Premier ministre...
Et il ne s'y est pas trompé. Le baromètre Ipsos que publie
le Point cette semaine souligne la progression constante de Marine le Pen,
particulièrement au sein de l'électorat UMP, un bond de 16 points avec 48%
d'opinions positives. Le glissement vers la droite de tout l'échiquier
politique, qui date de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy, provoque une ligne
de fracture profonde au sein de l'UMP, avec d'un côté une droite qui se veut dure,
décomplexée, celle de Jean-François Copé. Et de l'autre, une droite plus
modérée, gaulliste et centriste, incarnée par un Alain Juppé ressuscité, qui a
pris la tête du palmarès Ipsos. François Fillon hésite entre les deux rives. Le
parti fondé en 2002 n'a pas bougé, mais les électeurs oui. Ce glissement vers
la droite de la société française déplace également le curseur au sein d'un Parti
Socialiste tiraillé à sa gauche par Jean-Luc Mélenchon. Non, l'UMP n'est pas
morte, mais déchirée par la recomposition d'un paysage politique national, dont
les mouvements tectoniques pourraient, à terme, rendre obsolètes les partis
politiques tels que nous les connaissons.
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