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Stéphane Israël (Arianespace) : "Nous respectons nos engagements de lancements"

Le président exécutif d'Arianespace Stéphane Israël était l'invité de Jean Leymarie, mardi soir sur franceinfo, alors que le groupe d'aéronautique est en pleine bataille commerciale avec l’américain SpaceX.

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Stéphane Israël, président exécutif d'Arianespace, le 23 juin 2017. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Il faut "relativiser" le résultat de SpaceX, a expliqué Stéphane Israël, mardi 9 janvier. Le président exécutif d’Arianespace, invité de franceinfo, a rappelé que l'entreprise américaine "a eu des années compliquées avec deux échecs", alors que le lanceur européen est lui "dans ses engagements".

Après une bonne année 2017, Arianespace prévoit un nombre record de lancements de satellites cette année. Cependant, la concurrence avec l’américain SpaceX est rude. En 2017, la société européenne a été supplantée pour la première fois par son concurrent américain.

franceinfo : Pour la première fois, SpaceX a réalisé l'an dernier plus de lancements qu'Ariane, 18 contre 11. Est-ce que SpaceX a gagné ?

Stéphane Israël : Ce n'est pas la première fois que d'autres lanceurs lancent plus qu'Ariane. En 2013, quand je suis arrivé à la tête d'Arianespace, le lanceur russe Proton a fait dix lancements et Ariane quatre. Il faut relativiser. La réalité, c'est que SpaceX a eu des années compliquées avec deux échecs. Ils ont accumulé du retard qui a en partie été épongé en 2017. Pour nous, il est important de savoir si nous avons tenu nos engagements et satisfait nos clients. Nous avions le plan de faire 11 à 12 lancements en 2017, nous en avons fait 11. Depuis quatre ans nous avons fait 45 lancements. Nous sommes dans nos engagements.

Quelle est la différence entre Arianespace et SpaceX ?

Il y a une différence fondamentale. Nous avons un carnet de commande. Deux tiers de ce carnet est fait pour les clients commerciaux et un tiers pour les clients institutionnels. C'est exactement l'inverse pour SpaceX. Cela veut dire que SpaceX a énormément de travail pour le gouvernement américain. Il y a une ambition spatiale aux Etats-Unis extrêmement forte. Quand SpaceX vend au gouvernement américain, il vend deux fois plus cher que quand il essaie de séduire les gouvernements européens. Il y a énormément de missions à faire pour son gouvernement. En valeur, il y a 10 fois plus de lancements achetés aux Etats-Unis qu'en Europe. Cela peut expliquer cet écart.

Pour baisser ses coûts, SpaceX propose de réutiliser une partie des fusées d'un lancement à l'autre. Vous y viendrez ?

La réutilisation, ce n'est pas nouveau. La navette était réutilisable. Cela n'a pas fait ses preuves économiquement. Est-ce qu'il y a un cas économique pour la réutilisation en Europe ? Cela reste une question. Le réutilisable a d'autant plus d'intérêt que vous faites beaucoup de lancements. Notre compétiteur peut espérer faire une vingtaine de lancements pour son client américain. Il a sa propre constellation à déployer. Le fait qu'un lanceur devienne aussi opérateur d'une constellation, c'est un changement. Cela veut dire qu'il se prépare à concurrencer ses clients mais qu'il va vouloir faire beaucoup de lancements pour ses propres besoins. Chez Ariane, nous visons cinq à six lancements institutionnels et cinq à six lancements commerciaux. Nous n'avons pas cette masse critique. Nous ne fermons pas la porte à ces technologies.

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