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Pour l’économiste Jean Pisani-Ferry, Emmanuel Macron ne doit pas renoncer à son programme de 2017

En 2017, l’économiste, professeur à Sciences-Po, a coordonné le programme d’Emmanuel Macron. En plein mouvement des "gilets jaunes", il déplore des "erreurs", mais encourage le chef de l’État à appliquer son programme.

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'économiste Jean Pisani-Ferry, le 11 janvier 2019 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Les "gilets jaunes" appellent, samedi 12 janvier, à de nouvelles manifestations. De son côté, le gouvernement espère que le débat national, prévu à partir du 15 janvier, permettra de sortir de la crise. En 2017, l'économiste Jean Pisani-Ferry, professeur à Sciences-Po, a coordonné le programme d'Emmanuel Macron. A-t-il vu venir ce mouvement social ? "Ce mouvement, personne ne l’avait vraiment vu venir, assure-t-il. Mais on avait assez bien diagnostiqué un certain nombre de signaux, de tensions, de crises latentes".  

Emmanuel Macron doit-il renoncer à son programme de 2017 ? "Je ne pense pas. Je pense même le contraire. Le diagnostic posé par Emmanuel Macron, c’était l’épuisement du système français (…) Le diagnostic profond était juste. Mais des erreurs ont été faites sur l’équité fiscale. La réalité, c’est que les mesures sur l’ISF et sur la ‘flat tax’ ont évidemment bénéficié aux très hauts revenus (…) L’image qui s’est répandue, c’est qu’Emmanuel Macron a pris ces mesures pour des raisons de clientèle, alors que je crois profondément qu’il les a prises pour des raisons économiques."  

Des mesures sur la fiscalité sur les successions

Dans les cahiers de doléances, des milliers de Français demandent le rétablissement cet impôt de solidarité sur la fortune. Faut-il rétablir l’ISF ? "L’ISF est un très mauvais impôt. Prenez les cent premières fortunes françaises. Leur fortune s’élevait probablement à 250 ou 300 milliards. Et elles ne payaient que 70 millions d’ISF. Cet impôt ne servait pas sa finalité". En revanche, l’économiste propose d’imposer davantage les successions des Français les plus riches, ce qu’Emmanuel Macron a exclu jusqu’à aujourd’hui : "Je suis partisan de mesures sur la fiscalité sur les successions. C’est clair que la France est en train de redevenir une société d’héritiers, comme elle l’était au XIXe siècle. Il faut traiter ça (…) Mais les Français pensent le contraire. L’impôt sur les successions est celui qu’ils détestent le plus, alors que c’est probablement l’impôt le plus juste."  

"Si Emmanuel Macron a été élu, c'est pour réformer"

Emmanuel Macron peut-il sortir de cette crise ? "Je pense qu’il peut sortir de cette crise qui est extrêmement difficile, qui met en cause sa politique mais aussi sa légitimité (…) Il doit le faire à la fois en adaptant sa méthode et en restant le réformateur qu’il est. S’il a été élu, c’est pour réformer. Pas pour attendre et ne rien faire."

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