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Patrick Jeantet (SNCF Réseau) : "Le statut des cheminots, c’est de la rigidité"

Le PDG de SNCF Réseau Patrick Jeantet était l'invité de "L'interview éco", mercredi soir sur franceinfo, pour évoquer l'avenir du groupe ferroviaire et notamment la feuille de route que le gouvernement lui a demandée pour réformer l’entreprise.

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le PDG de SNCF Réseau Patrick Jeantet, le 7 mars 2018. (RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

 Après l'annonce de la réforme de la SNCF, les syndicats envisagent une grève nationale et reconductible à partir du 22 mars. En cause, notamment, la fin du recrutement au statut de cheminot. Pour Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau, la fin du statut de cheminot est "une question d'équité dans la concurrence", a-t-il expliqué, mercredi 7 mars sur franceinfo.

franceinfo : Qu'est-ce qui vous gêne tant dans le statut des cheminots ?

Patrick Jeantet : On va ouvrir à la concurrence. Pourquoi la SNCF serait seule à embaucher au statut, quand les autres concurrents ne pourraient pas ? C'est une question d'équité dans la concurrence. Et il y a un problème de rigidité. Aujourd'hui, quand vous embauchez un jeune qui a de l'expérience, vous ne pouvez pas prendre en compte cette expérience. Vous êtes obligés de l'embaucher au grade le plus bas. L'avancement automatique est une autre rigidité. Le fait que le management n'ait pas la possibilité de rémunérer davantage les travailleurs les plus engagés, cela n'est pas normal.

Sans ce statut, combien la SNCF économiserait-elle ?

Le Premier ministre l'a dit, on est 30% plus cher. Le statut n'est pas la seule raison, mais il l'est pour un bon tiers. Cependant le sujet majeur est d'améliorer la qualité de service. La réforme va nous permettre plus de flexibilité et d'agilité. Le monde a changé et la SNCF doit changer pour faire plus de numérique. SNCF Réseau a lancé un grand projet pour installer sur des lignes existantes des nouveaux systèmes de commande des trains. Cela va permettre d'augmenter de 30% la capacité de ces lignes au lieu de construire de nouvelles lignes pour des milliards d'euros. Avec ce projet à plusieurs centaines de millions d'euros, on va pouvoir augmenter la capacité, mais aussi la qualité de service, car le système sera plus souple. Cette réforme nous permet de faire vivre la SNCF dans le XXIe siècle. La réforme ouvre à la concurrence, cela va permettre à la SNCF de se dépasser, d'inventer pour battre les concurrents. Et les concurrents vont amener des nouvelles idées, de nouvelles technologies. Je pense que la SNCF s'y prépare depuis des années, on parle depuis 10 à 20 ans de l'ouverture à la concurrence. On va pouvoir la vivre.

SNCF Réseau a une dette de 47 milliards d'euros et la réforme ne s'y attaque pas. Qui va payer cette dette ?

Le Premier ministre a été très clair, on verra d'ici la fin du quinquennat. Aujourd'hui on a un réseau à deux vitesses : un réseau grande vitesse construit dans les années 80 qui est un grand succès, avec par exemple Paris-Bordeaux en deux heures. Et cela profite aussi à tous les gens du Grand Sud-Ouest. On est enviés dans le monde entier. Il a fallu construire ces lignes en trente ans, cela nous a coûté très cher. À l'inverse, pour les transports du quotidien et les lignes classiques, on a sous-investi depuis des décennies et il faut rattraper le retard. Le gouvernement est confronté à ce sujet.  

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