Livreurs de repas et chauffeurs VTC : "il y a urgence à agir" sur leurs conditions de travail, estime Bruno Mettling, ancien DRH d'Orange
Le président du cabinet conseil Topics est en charge d’une mission gouvernementale sur le dialogue social pour les travailleurs de plateforme comme Deliveroo ou Uber Eats.
La tension est vive chez les travailleurs de plateformes. Ces chauffeurs de VTC, livreurs de repas à domicile pour Deliveroo ou Uber Eats et dont les conditions sociales et les rémunérations laissent à désirer. Bruno Mettling, président du cabinet conseil Topics et ancien DRH d’Orange, a été chargé d’une mission par le gouvernement sur le dialogue social pour les professionnels du secteur. Elle doit aboutir à la rédaction d'une ordonnance.
Le statut de salarié exclu des débats
Sur franceinfo, vendredi 12 mars, Bruno Mettling détaille les propositions qu'il vient de faire aux organisations syndicales et patronales : "Nous avons rempli la feuille de route qui était la nôtre dans un délai très court, après une concertation et des dizaines de réunions, nous avons proposé un service qui permet un vrai dialogue social de se mettre en place. C’est vrai qu’il y avait urgence".
La question du statut de salarié, dont ne bénéficient pas ces travailleurs, est exclue de l’ordonnance. Le président du cabinet conseil Topics estime que ce n'est pas l'enjeu prioritaire : "Le débat existe sur le statut de travailleur mais il y a urgence à agir. Aujourd’hui, ils ont un statut d’indépendant et pour cette raison doit-on avoir un tel niveau de déficit protection et de droits ? Le but est de dire : oui, en France, notre modèle social – quel que soit le statut, salarié ou indépendant – exige que dans la situation de ces livreurs ou de ces chauffeurs VTC on ait accès par la négociation sociale à un niveau de droits digne de ce nom".
Trois points de négociation
Bruno Mettling liste les points sur lesquels il faut selon lui négocier avec les plateformes :
- le tarif de la course qui, dans ce métier, définit le revenu.
- les revenus "pour nous permettre, puisqu’on nous qualifie d’indépendants, de pouvoir acquérir la protection".
- rééquilibrer la relation sociale "qui est aujourd’hui déséquilibrée entre des plateformes qui maîtrisent les prix et les modalités d’organisation du travail et des travailleurs présentés comme indépendants, mais sont en réalité dépendants économiquement de ces plateformes".
"Les plateformes ont bien compris que le vent tourne"
L'ancien DRH d'Orange affirme qu’en France "près de 100 000 personnes ont accédé à l’activité grâce à l’économie des plateformes. Donc il faut garder un certain équilibre. Cette nouvelle économie permet à des jeunes, souvent issus de milieux défavorisés, d’accéder à l’emploi. Il est donc important que la dynamique de création d’emplois s’accompagne d’une rénovation des droits".
Les plateformes américaines vont-elles se laisser dicter leur conduite par les Français et leurs revendications ? Selon l'ancien DRH, le dialogue est désormais possible.
"Ces plateformes, à un moment donné, comprennent que leur modèle économique qui pouvait se déployer sans prendre en compte le modèle social est terminé."
Bruno Mettlingà franceinfo
Bruno Mettling ajoute : "Dans la plupart des pays des décisions se multiplient car la situation de déficits de droits et de protection de ces travailleurs est inacceptable. En France, j’ai le sentiment, à travers la concertation que nous avons mené que les plateformes ont bien compris que le vent tourne et qu’il est impératifs de sortir de ce déficit de droits et de protection".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.