Laurent Berger (CFDT) : la fiscalité sur le capital "est anormale, injuste, scandaleuse"
Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger était l'invité de Jean Leymarie, mercredi soir sur franceinfo, pour évoquer l'actualité industrielle, sociale et budgétaire.
Le gouvernement a présenté, mercredi 27 septembre, son projet de budget pour 2018, fait de coupes budgétaires et de fortes baisses d'impôts, disant vouloir remettre la France dans les clous européens afin de renforcer sa "crédibilité". Invité de franceinfo, mercredi soir, le secrétaire général de la CFDT Laurent Bergé "trouve ça anormal et scandaleux".
franceinfo : Le gouvernement vient de présenter son projet de budget pour l’an prochain et il promet que le pouvoir d’achat des salariés va augmenter. Êtes-vous convaincu ?
Laurent Berger : Je demande à voir. Mais, dans ce projet de budget, il y a pleins de choses qu’on demande à voir. D’ailleurs quand on parle de l'augmentation du pouvoir d'achat des salariés, on parle uniquement du privé. Contrairement aux promesses du candidat Macron qui avait dit que ce serait l’augmentation du pouvoir d’achat pour l’ensemble des actifs, y compris les fonctionnaires. Aujourd’hui, on leur dit qu'on compensera et encore on verra dans quelles conditions. Donc, là-dessus, méfiance. Mais pour ce projet de budget, il y a d’autres points qui m’inquiètent beaucoup. Cela me semble très injuste d’enlever la taxation du capital à ce point et de revenir sur l’impôt sur la fortune.
La fiscalité sur le capital va être allégée l’an prochain de 4,5 milliards d’euros. C’est cela qui vous fait réagir ?
De l’autre côté, on dit qu’il faut baisser les contrats aidés, qu’il faut baisser les APL, qu’il y a un gel du point d’indice des fonctionnaires et qu’on ne va pas forcément mettre en œuvre le protocole d’évolution de leur carrière tel qu’il était prévu. Et, on dit qu’il faut faire des efforts dans un certain nombre de politiques publiques. Je dis qu’il y a un malaise. Ce n’est pas qu’une inquiétude. Je trouve cela anormal et scandaleux. Je trouve cela injuste.
Que pensez-vous du rapprochement entre Alstom et Siemens ?
Il y a des inquiétudes. On sait qu’Alstom était fortement concurrencé par les Chinois. Cela suscite à la fois un espoir de construire un champion européen autour du ferroviaire, mais ça suscite également des inquiétudes. On se rappelle avec General Electric et Alstom qu’il y a eu un non-respect des engagements et des suppressions d’emplois. Il faut obtenir des garanties très précises sur le maintien des sites et de l’emploi. La question des mobilités sera au cœur de beaucoup d’enjeux d’avenir. Il y aura besoin d’emplois en France dans le ferroviaire.
Les chantiers navals STX vont passer sous le contrôle de l’Italien Fincantieri. Est-ce que cette alliance renforce STX ?
On a l’impression d’être revenu deux mois en arrière. Finalement, c’était un peu ce qui était prévu. Là aussi, on a des inquiétudes sur le devenir de l’emploi sur le site, sur le maintien des compétences, le maintien des recherches sur le site de Saint-Nazaire. Là, l’État aura les moyens de l’action. Je sais que ça ne va pas être politiquement correct, mais il faut se rappeler qu’il y a quelques mois c’était les Coréens qui avaient 60% des chantiers. Donc, il ne faut pas raconter d’histoire. On ne passe pas d’une propriété française à italienne. Cela a de la cohérence, seulement s’il y a des engagements très forts et des garanties avec du maintien de l’emploi et de la compétence.
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