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"La montagne change, on doit adapter nos produits à ces changements", explique le PDG de Millet Mountain Group

Romain Millet, PDG de Millet Mountain Group, la marque de vêtements et d'équipements de montagne, était l'invité éco de franceinfo le jeudi 28 septembre.
Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Romain Millet, PDG de Millet Mountain Group. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Les amoureux de la montagne connaissent ce nom : Millet. C'est toute une saga marquée par la montagne. En 1950 Millet équipe les premières expéditions françaises sur l'Annapurna dans l'Himalaya - notamment Maurice Herzog. En 1977 Millet lance la première parka Gore-Tex. La marque a fêté ses 100 ans en 2021. Millet ce sont des chaussures, des vêtements et de l'équipement de montagne.

Romain Millet est le PDG de Millet Mountain Group, entreprise créée par ses arrière-grands-parents en 1921.

franceinfo : Vous avez racheté l'entreprise familiale en 2021, c'était un choix évident ?

Romain Millet : Ce n'était pas évident. Mais ce qui était sûr, c'est qu'on en avait très envie. L'entreprise, vous l'avez très bien noté, avait été fondée il y a plus de 100 ans. Elle a été revendue en 1974, l'ensemble du capital par mon grand-père et son frère. Moi, je n'étais pas né et cette entreprise, on l'a suivie avec l'ensemble des membres de la famille et notamment mon oncle avec qui je suis associé aujourd'hui dans cette aventure et qui détient la majorité du capital à mes côtés.

En 1977 vous avez lancé la première parka Gore-Tex. C'est quoi la prochaine innovation ? Est-ce que c'est du 100 % recyclable ou des vêtements qui durent plus longtemps ?

La montagne change, elle change tous les jours et on doit adapter nos produits à ces changements. Les innovations qui vont venir, il y en a plusieurs. À très court terme, je pourrais vous en citer quelques-unes. Il y en a une d'ailleurs très récente, qui est une chaussure totalement faite en France, dans une usine en Ardèche. Tous les composants sont français et on a eu l'honneur d'avoir la visite du président Macron à la fin du printemps dans cette usine. Donc ça, c'est une première innovation. Les secondes d'innovations sont tournées vers la responsabilité. Il y a un aspect qui est propre à notre industrie, qui est la responsabilité au sens de la sécurité. Nous, pour que les gens vivent des rêves en montagne, on garantit leur sécurité. On est partenaire des guides de Chamonix, par exemple. Le rôle d'un guide, c'est de permettre à son client d'évoluer en sécurité.

Mais est ce qu'aujourd'hui, il ne faut pas produire moins de vêtements, payer le prix, pour qu'ils durent plus longtemps ?

Tout à fait. Alors le premier élément, c'est la sécurité, le deuxième c'est de prolonger la durée de vie de nos produits. C'est ce qu'on fait. On a deux marques Lafuma et Millet. Chacune de ces marques va prolonger la durée de vie de nos produits. Lafuma garanti désormais à vie ses produits, donc ils sont réparés. Aujourd'hui, Millet offre un service de location.

Est-ce que vous pratiquez la location de seconde main ?

Alors oui, on la propose pour la marque Lafuma et on l'organise comme un certain nombre de marques le font. On ne le fait pas pour la marque Millet pour une simple raison, c'est qu'on ne garantit pas nécessairement la sécurité sur la seconde main. Si vous reprenez un produit usagé et que vous le remettez sur le marché, il n'est pas certain que ce produit pourra fournir les mêmes propriétés techniques que ce pour quoi il a été dessiné.

Vous avez une usine en Ardèche, le siège de Millet est à Annecy, et vous avez également des usines en Hongrie et en Tunisie. Est-ce que ça coûte trop cher de fabriquer en France ?

Nous sommes un des rares industriels du monde de l'outdoor à avoir conservé des usines dans les années 2000. Tous les savoir-faire sont partis. C'était le moment de la grande globalisation où il fallait investir dans les marques, mais pas dans vos outils industriels. Nous avons conservé nos usines. Ce qu'on apprend, c'est qu'on ne relocalise pas, on redessine. Très concrètement, le coût de la main-d’œuvre en France est plus élevé qu'il ne l'est en Asie, qu'il ne l'est au Moyen-Orient, qu'il ne l'est dans les pays de l'Est. Du coup, on a réduit cette part de la main-d’œuvre et on a aussi rajouté des éléments plus automatisés. C'est un mix entre l'automatisation et la main-d’œuvre.

Votre cœur de métier, c'est la montagne qui est aujourd'hui parfois victime de surtourisme. Est-ce que ça vous inquiète ?

On a une réflexion qui est mondiale, qui n'est pas que française. Et il y a énormément de territoires aujourd'hui naturels de montagnes qui sont vierges énormément, notamment en Himalaya. Pour ce qui est de la France, en effet, il y a une surfréquentation sur certaines périodes de l'année, fin du mois d'août par exemple à Chamonix, parfois pendant les vacances scolaires. Mais le reste du temps, notamment les mois d'été, les montagnes ne sont pas surfréquentées et on pense clairement qu'il faut inciter les gens à venir à la montagne tout au long de l'année, et pas uniquement pour les sports d'hiver. Et on sent ce changement arriver.

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