"Il faut inventer une économie qui, structurellement, soit sobre" estime le sociologue Pierre Veltz
Dans son nouveau livre, Pierre Veltz, ingénieur et sociologue, plaide pour "une révolution copernicienne". Pour que la planète reste "habitable", il appelle à produire des objets "plus rustiques", moins sophistiqués.
La croissance peut-elle être verte ? Question essentielle, alors que le projet de loi Climat est présenté en conseil des ministres ce mercredi 10 février. Pour Pierre Veltz, qui publie L’économie désirable (Seuil), face à l’urgence climatique, il nous manque encore "un projet mobilisateur".
Des objets trop sophistiqués
"Jamais on n’a fabriqué autant d’objets pour autant de consommateurs", écrit le sociologue, qui est aussi ingénieur, dans son nouvel ouvrage. Et, poursuit-il sur franceinfo, ces objets ont changé : "On fait des objets qui sont de plus en plus sophistiqués (…) Mais a-t-on besoin de toute cette sophistication ? Non !".
Selon Pierre Veltz, "cette complexité explique très largement pourquoi on a des dépenses énergétiques et une consommation de matières par habitant aussi élevée. On pourrait revenir à des choses un peu plus rustiques…"
"Je ne suis pas du tout décroissant", affirme Pierre Veltz, qui plaide plutôt pour "une sobriété nécessaire". "On fait des gains d’efficacité, on a des objets et des services de plus en plus efficaces, mais on est rattrapé par ces effets de sophistication qui font qu’au total, on consomme plus de ressources."
La santé, une valeur plutôt qu’un coût
Le sociologue identifie deux types de sobriété : la sobriété individuelle, celle qui peut nous conduire à manger moins de viande, ou à moins renouveler notre garde-robe, et la sobriété collective. "Il faut qu’on arrive à inventer une économie qui, structurellement, soit sobre, qui mange moins de ressources, et qui en même temps crée de la valeur".
Pour Pierre Veltz, le secteur de la santé est un des plus prometteurs : "Pourquoi est-ce qu’on considère que quand je répare ma voiture je crée de la valeur, et que quand le chirurgien me répare, c’est un coût ? Il y a quelque chose qui ne va pas…"
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