Automobile : "On veut se développer vers d'autres types de mobilités", explique le DG du groupe Plastic Omnium, qui devient OP Mobility

L'équipementier automobile change de nom et veut se tourner vers les mobilités lourdes, les trains et les camions notamment. "L'hydrogène nous permet d'y arriver", affirme sur franceinfo Laurent Favre, le directeur général d'OP Mobility.
Article rédigé par Camille Revel
Radio France
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Temps de lecture : 6min
Laurent Favre le 23 mars 2024. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

OP Mobility est le tout nouveau nom de l'équipementier automobile Plastic Omnium. Le groupe a atteint plus de 11 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2023. Il détient 152 usines dans 28 pays. Parmi leurs clients figurent Stellantis, Volkswagen, BMW, Renault ou Tesla, pour lesquels OP Mobility fabrique des réservoirs à essence et des pare-chocs, notamment.

"Aujourd'hui, OP Mobility équipe déjà un quart des véhicules particuliers qui roule", déclare Laurent Favre, directeur général de l'équipementier automobile OP Mobility mercredi 27 mars. Le groupe souhaite désormais développer d'autres types de mobilités et a investi "500 millions" dans l'hydrogène. "On équipe aujourd'hui par exemple des trains Alstom qui fonctionnent avec des réservoirs à hydrogène fait par OP Mobility", explique-t-il.

franceinfo : Pourquoi changer de nom ?

Laurent Favre : Parce qu'on est une entreprise qui se transforme, qui s'est transformée très rapidement. Et donc l'ancien nom Plastic Omnium ne représentait plus ce que nous sommes aujourd'hui, un acteur majeur de la mobilité. Vous avez cité certains clients et une envie de continuer à se transformer, à accélérer vers des nouveaux métiers, en plus des métiers traditionnels que vous avez cités. Donc c'est une affirmation de notre nouvelle identité et c'est un nouvel élan vers une accélération de notre transformation.

Est-ce le mot plastique qui n'allait plus ?

Non, pas du tout. La raison d'être de l'entreprise à l'origine, qui a été créée en 1946, entreprise familiale, c'était le plastique. Donc on a fait les capuchons des stylos Bic, des planches à voile, les Black & Decker. Et puis peu un peu, l'entreprise s'est transformée vers un équipementier mondial focalisé sur l'automobile, s'est développé. 

"Le groupe a développé des nouveaux produits et récemment l'hydrogène, l'électrification, le logiciel. Et donc le point commun n'était plus le plastique, mais la mobilité."

Laurent Favre

franceinfo

On a parlé de mobilité individuelle avec l'automobile. Est-ce qu'il y a aussi les mobilités lourdes dans vos projets ?

Tout à fait. Aujourd'hui, OP Mobility équipe déjà un quart des véhicules particuliers qui roule. Donc nos auditeurs ont une voiture, probablement avec un produit d'OP Mobility. Mais on veut se développer vers d'autres types de mobilités. Donc les trains, les camions et notamment l'hydrogène nous permettent d'y arriver. On équipe aujourd'hui par exemple des trains Alstom qui fonctionnent à l'hydrogène avec des réservoirs à hydrogène fait par OP Mobility.

Est-ce l'avenir pour les mobilités, l'hydrogène ?

Nous, on pense que l'avenir sera multiple en termes de technologie. Il restera du moteur à combustion pour certains usages, dans certains pays. Il y aura beaucoup de batteries. 

"Il y a l'hydrogène pour la mobilité lourde, le transport de marchandises, les camions, pour lesquels les enjeux de décarbonation sont très importants."

Laurent Favre

franceinfo

Mais pour lesquels la batterie, de par son poids, les temps de recharge, n'est probablement pas la meilleure des solutions. Donc l'hydrogène, oui, aura une place importante.

Avez-vous des objectifs d'investissement sur l'hydrogène, les batteries ? Et avez-vous des objectifs de résultats ?

On a des objectifs d'investissement, des réalités d'investissement. Quand on parle de l'hydrogène, on a investi 500 millions dans l'hydrogène déjà, donc c'est beaucoup. 

"On est en train de construire une usine à Compiègne, dans le nord de la France, pour faire des réservoirs à hydrogène pour Alstom, pour Stellantis, pour Renault."

Laurent Favre

franceinfo

Et on va encore investir une centaine de millions par an partout dans le monde, en France, en Chine, en Corée, aux États-Unis, pour équiper l'ensemble des acteurs de systèmes à hydrogène pour la mobilité lourde. Donc oui, c'est une réalité d'investissements importants pour OP Mobility.

Il y a eu des fermetures d'usines chez vous dans le passé. Est-ce qu'aujourd'hui cette nouvelle structure, ce nouvel OP Mobility, va être synonyme de création d'emplois ?

Globalement, on est une entreprise qui croît. On a eu une croissance de 20% l'an dernier, dont 20% dans un marché qui était plus ou moins stable. Donc on est en croissance. Malheureusement, parfois, il faut adapter certaines capacités. La fermeture d'usine à laquelle vous faites référence, c'était en Allemagne, pour des réservoirs à carburant. L'Europe va vers l'interdiction de ce type de technologie. Donc nous, on investit pour compenser dans des usines à batteries, dans des usines à hydrogène ou on crée des emplois.

Misez-vous sur de nouveaux marchés, d'autres continents ?

On a 152 usines, on est présents dans 28 pays, 50% de notre chiffre d'affaires, c'est en Europe, 5% en France. Et maintenant les relais de croissance sont principalement en Chine, en Asie, aux États-Unis. On investit dans ces pays. 

"On ouvre très bientôt à Austin, au Texas, une usine dédiée à Tesla."

Laurent Favre

franceinfo

Vous avez parlé de Tesla tout à l'heure, qui sera une des plus grosses usines du groupe. Donc, on va chercher des sources de croissance un peu partout dans le monde.

L'Europe, aura-t-elle toujours une place dans vos projets ?

L'Europe sera toujours une partie importante de nos activités, mais par rapport aux autres, ce sera de moins en moins important. Tout simplement parce que le marché européen de la production a perdu 10 à 15% des volumes ces dernières années. Donc OP Mobility s'adapte.

Avez-vous des objectifs de décarbonation ?

On a des objectifs concrets de décarbonation. On s'était engagé à réduire de 30% nos émissions de CO2 d'ici 2030. On l'a fait déjà en 2023. Donc on est en route. Et dans les 152 sites d'OP Mobility, on sera neutre en carbone dès 2025.

Le marché de la voiture électrique se développe. Est-ce qu'il y a une demande forte à long terme qui se construit ?

Mais je pense que la demande est là. Si les véhicules électriques répondent aux besoins des consommateurs. Et le premier besoin du consommateur, c'est une mobilité qui soit accessible. Et aujourd'hui, le problème ou l'enjeu pour les véhicules électriques, c'est d'arriver à des niveaux de prix qui soient plus accessibles. Le véhicule moyen en France est beaucoup plus cher par rapport au salaire médian. Il a augmenté de 50% en cinq ans, alors que le salaire médian n'a pas augmenté de 50%. 

"Donc oui, la demande est là, à condition que les véhicules électriques soient accessibles."

Laurent Favre

franceinfo

Votre carnet de commandes, reste-t-il plein ?

Notre carnet de commandes est plein. L'année dernière, c'étaient 20 milliards de commandes prises dans tous les métiers, dans tous les pays. Et donc la trajectoire de croissance est confirmée pour OP Mobility.

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