"A l'horizon 2035-2040, 40% de la population mondiale vivra dans des zones de sécheresse ou de stress hydrique" selon le président de Suez
Invité éco de franceinfo, Jean-Louis Chaussade, le président du groupe Suez alerte sur la nécessité d'une meilleure gestion de la ressource en eau.
Alors que des trompes d'eau viennent de s'abattre sur le sud du pays, le président du groupe Suez Jean-Louis Chaussade alerte estime jeudi 24 ocotbre sur franceinfo que le défi de l'eau nous touchera avant le défi climatique. "Vous aurez des endroits en stress hydrique et d'autres endroits où vous aurez des avalanches d'eau, des trombes d'eau qui provoqueront des dégâts à la fois matériels et humains considérables. Nous sommes dans cette première phase. On parle de l'Hérault, mais il y a quelques semaines, on parlait du Japon. Un peu avant, on parlait des Caraïbes, où il y a eu des tornades, des ouragans...Il y a une espèce d'accélération de tous ces événements climatiques qui sont en réalité l'un des marqueurs du réchauffement climatique."
"La France est quand même un endroit où nous avons beaucoup d'eau."
Alors que l'été 2019 a été marqué par un fort épisode de sécheresse, Jean-Louis Chaussade se veut rassurant "cet été, à peu près tout le monde a eu accès à de l'eau courante à son robinet. La France est quand même un endroit où nous avons beaucoup d'eau." Mais le président du groupe Suez appelle à plus de vigilance dans la gestion des usages de l'eau, pour les villes, pour l'agriculture et pour l'industrie. Car "il faut réaliser qu'à peu près à l'horizon 2035-2040, 40% de la population mondiale vivra dans des zones dites de sécheresse ou de stress hydrique. Parce que la population mondiale étant passée [...]à bientôt 10 milliards d'habitants, ça veut dire que physiquement, mécaniquement, la quantité d'eau disponible par habitant sur la planète va diminuer de 7 ou 8 fois".
Ainsi plusieurs pays vont connaître des difficultés d'approvisionnement la Chine, l'Inde, le Mexique, ou encore l'Europe du sud ou le nord du Maghreb, analyse Jean-Louis Chaussade.
Mieux gérer la ressource
Il appelle à une "gestion intelligente de la ressource. Comment l'économiser, la mesurer, en mesurer les volumes que nous consommons dans nos maisons. On peut aussi avoir des systèmes de capteurs dans les réseaux, s'il y a des fuites. Parce que gérer les fuites, c'est maximiser la quantité d'eau disponible. Ensuite, on peut la réutiliser sous forme de réutilisation des eaux résiduaires qui sont traitées pour l'agriculture, pour l'irrigation. Puis enfin, on peut dessaler. On sait faire du dessalement d'eau de mer à grande échelle et donc amener de l'eau à des endroits où il n'y en a pas forcément".
Si ces investissements sont considérables, Jean-Louis Chaussade explique que "quand on fait des calculs sur ce que va coûter le réchauffement climatique, il y a toute une série d'investissements qu'il faut aussi mettre en regard de ce qui va se passer si on ne fait rien. Si vous n'avez pas assez d'eau, si vous ne pouvez pas cultiver, si vous n'avez pas d'industrie, les populations vont migrer. Je pense qu'on a tout intérêt dans beaucoup d'endroits à fixer les populations là où elles sont, en leur offrant de quoi manger, travailler, boire."
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