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Visite d'Emmanuel Macron en Algérie : "Il n'a pas le même rapport de temporalité" avec l'histoire de la colonisation

Benjamin Stora, historien et président du Conseil d'orientation de la cité nationale de l'histoire de l'immigration, était l'invité de L'interview J-1, mardi sur franceinfo, à la veille du déplacement d'Emmanuel Macron en Algérie.

Article rédigé par Yaël Goosz
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Benjamin Stora, historien et professeur des universités, était l'invité de L'interview J-1, mardi sur franceinfo. (JOEL SAGET / AFP)

C'est l'historien qui murmure à l'oreille du Président. Benjamin Stora, historien, professeur des universités, président du Conseil d'orientation de la cité nationale de l'histoire de l'immigration, était l'invité de L'interview J-1, mardi 5 décembre sur franceinfo. Il accompagne Emmanuel Macron mercredi lors de son déplacement en Algérie.

franceinfo : Benjamin Stora, vous avez 67 ans, vous êtes né à Constantine (Algérie), vous avez été un contemporain de la guerre d’Algérie, contrairement à Emmanuel Macron qui n’a que 39 ans. Est-ce que l’âge, le fait d’être d’une "autre génération", peut aider à tourner cette page douloureuse ?

Benjamin Stora : Ça change le fait effectivement qu'il n'a pas le même rapport de temporalité avec cette histoire puisque non seulement il est né après la guerre d'Algérie mais il n'a pas de rapport "physique" avec l'Algérie par l'intermédiaire de famille ou autres. C'est un argument qui permet de regarder ce passé de manière plus distanciée, peut-être plus lucide.

Quand il était candidat, en février, Emmanuel Macron avait parlé à Alger de la colonisation comme d’un "crime contre l’humanité". Quels sont les gestes symboliques qu’il a prévu de faire sur place ? On sait que vous plaidez pour la restitution de 36 crânes de résistants algériens, tués dans les années 1850, et toujours entreposés au musée de l’Homme à Paris...

Il m'apparait tout à fait indispensable que des gestes symboliques forts soient faits en direction des Algériens, dont beaucoup ont refusé la colonisation tout au long du XIXe siècle. Il y a eu des résistances, des rebellions qui se sont produites. Le fait de réclamer cette restitution nous oblige aussi à revisiter cette tranche-là d'histoire en amont et non pas simplement l'histoire de la fin, c'est-à-dire l'histoire de la guerre d'Algérie.

Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, président fantôme, très malade depuis son AVC, reste aux commandes. Emmanuel Macron ira le voir dans sa résidence médicalisée. Est-ce encore le bon interlocuteur ? Au pouvoir depuis 1999, il se préparerait à briguer un cinquième mandat ?

C'est effectivement des bruits qui courent avec insistance. Quand on lit la presse algérienne, c'est ce qu'on voit. Ca provoque la colère des autres partis politiques qui ne voient pas la possibilité d'un cinquième mandant mais la discussion existe en Algérie.

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