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Migrants : l'accord de l'UE signe "la fin de Schengen, la fin d'un système sans frontière nationale" estime Nicolas Dupont-Aignan

Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, était l'invité, vendredi, de "L'interview politique" sur franceinfo. Il est revenu sur l'accord conclu à Bruxelles sur les questions migratoires. 

Article rédigé par franceinfo - Jean-Jérôme Bertolus
Radio France
Publié
Temps de lecture : 8 min
Nicolas Dupont-Aignan, le président de Debout la France, sur franceinfo le vendredi 30 juin 2018. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Les 28 dirigeants de l'Union européenne se sont mis d'accord, jeudi 28 juin, sur plusieurs grands principes censés mieux gérer la crise migratoire. L'accord prévoit notamment d'explorer une "nouvelle approche" controversée avec la création de "plateformes de débarquements". De son côté, l'Italie a annoncé que ses ports "seraient fermés tout l'été" aux bateaux des ONG, y compris pour leur ravitaillement en carburant.

"C'est la fin de Schengen", a réagi vendredi sur franceinfo le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan. "C'est la fin d'un système sans frontière nationale, déguisé, pour sauver la face des dirigeants européens." Selon le député de l'Essonne, le système sera "intenable" et aboutira "au retour des frontières nationales." Face aux multiples naufrages de bateaux de migrants en Méditerranée, Nicolas Dupont-Aignan accuse les ONG "d'alimenter la spirale infernale des passeurs." Il plaide plutôt pour "traiter la cause des phénomènes" de migration.

franceinfo : Est-ce que l'accord signé par les 28 est un bon accord ?

Nicolas Dupont-Aignan : Non. Quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup. En vérité, c'est la fin de Schengen, la fin d'un système sans frontière nationale, déguisé, pour sauver la face des dirigeants européens, sur la base du volontariat. C'est un système intermédiaire, intenable, qui aboutira très vite au retour des frontières nationales, où chaque pays est responsabilisé pour éviter les migrations, et où une coopération européenne est indispensable avec les États tiers de l'autre côté de la Méditerranée pour éviter des naufrages.

L'Italie refuse d'accueillir les bateaux des ONG dans ses ports, même pour se ravitailler. Vous soutenez sa décision ?

Oui. C'est une décision douloureuse, mais indispensable. Nous voulons éviter que, en laissant les ONG alimenter la spirale infernale des passeurs, on aboutisse aux noyés. Au départ, les ONG partaient d'un bon sentiment. Sauf qu'à force d'aller chercher les migrants à la limite des eaux territoriales libyennes, on sait aujourd'hui que les passeurs, les mafieux, accélèrent la mise en danger des migrants en les lançant sur des radeaux pneumatiques même pas gonflés. Le phénomène d'accueil généralisé a nourri le business des passeurs. Enfin, il y a des hommes d'État en Italie. Ils disent, ça suffit. Il faut absolument s'attaquer au trafic des passeurs. Il faut sauver les malheureux qui se noient. C'est pourquoi les garde-côtes libyens interviennent pour les sauver et les raccompagner en Libye. Si les mafias des passeurs savent que ces migrants vont être accueillis en Europe et qu'ils ne seront jamais expulsés, cela alimente ce trafic. Il y a eu des milliers de morts en Méditerranée. Le système d'aujourd'hui ne marche pas. Est-ce qu'on peut essayer de mettre en place un autre système ?

Que faire pour faire face à l'arrivée des migrants de Libye ? Il faut que le pays se débrouille seul ?

Non. Il y a un État libyen qui se reconstruit. Tout doit être fait pour bloquer les migrants en Libye. Tout doit être fait en amont pour développer l'Afrique, changer les règles du jeu au Niger, au Tchad. C'est un drame humanitaire. Ce que nous disons, c'est que la fausse générosité, la fausse émotion, qui consiste à dire on prend tout le monde, cela ne marche pas. On laisse se noyer des gens, on n'attaque pas les passeurs, on a des ONG qui alimentent une spirale. Il faut avoir le courage de dire stop. Il s'agit de traiter la cause des phénomènes.

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