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L'UMP sous le choc

C'est le second coup de tonnerre de la semaine : 48 heures après la démission forcée de Jérôme Cahuzac, Nicolas Sarkozy est mis en examen pour abus de faiblesse dans l'affaire Bettencourt. L'ancien président de la République est évidemment présumé innocent, mais sa mise en cause complique grandement un éventuel retour. Officiellement retiré des affaires politiques, il est resté très actif en coulisse, sa mise en examen est donc un coup dur pour tous ceux qui attendaient, voire préparaient son retour.
Article rédigé par Olivier Bost
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

Et parce qu'en politique comme ailleurs, la meilleure
défense, c'est l'attaque, les proches de Nicolas Sarkozy pilonnent depuis hier
soir le juge d'instruction qui a osé procéder à cette "scandaleuse"
mise en examen. Un pilonnage au bazooka pour Henri Guaino, député UMP et ex-conseiller spécial de Sarkozy, sur Europe 1.

"Abus de faiblesse. Est-ce qu'on pouvait imaginer une
qualification plus grotesque, plus insupportable ? Aucun homme sensé dans
ce pays ne peut penser que Nicolas Sarkozy s'est livré sur cette vieille dame
richissime à un abus de faiblesse. Ce qu'a fait ce juge est extrêmement grave.
Dans des cas comme ça, je voudrais voir le juge venir devant les Français et
leur expliquer pourquoi il a déshonoré un homme, une institution et aussi la
justice.
"

Sur France Info, le député UMP et ancien ministre Laurent Wauquiez
dénonce un acharnement judiciaire et suggère l'existence d'un complot. Il ne
croit pas au hasard
 : "Je trouve qu'il y a beaucoup trop de
faisceaux concordants d'une mise en examen forcée, qui intervient à un moment
qui semble bien propice sur le plan politique. Comme par hasard cette mise en
examen intervient à un moment où plusieurs sondages montraient clairement le
socle de confiance de la part des Français à l'égard de l'ancien président de la
République.
"

Les plus virulents des amis de Nicolas Sarkozy fustigent un
calendrier judiciaire à leurs yeux très politique et dénoncent une justice aux
ordres du pouvoir, voire revancharde à l'encontre d'un ex-président qui a tenté
pendant son mandat de supprimer les juges d'instruction. Cet acharnement va
renforcer Nicolas Sarkozy dans sa volonté de revenir, croit savoir l'ancien
ministre de la défense Gérard Longuet.

"A mon avis, cela va l'inciter à prendre la parole
publiquement. Retour en politique je n'en connais pas la formule, mais prendre
la parole publiquement pour dénoncer une sorte de traquenard, oui. Ses amis le
soutiendront.
"

Tous les responsables UMP ne sont pas dans le même registre

Plus nuancé, l'ex-Premier ministre François Fillon se dit néanmoins
"stupéfait " d'une décision "aussi injuste qu'extravagante ".

"Je suis stupéfait par cette mise en examen qui m'apparaît
aussi injuste, qu'invraisemblable. J'ai eu l'occasion de rappeler directement à
Nicolas Sarkozy mon soutien et mon amitié. J'espère que la vérité triomphera au
bout d'une épreuve très douloureuse pour lui
", déclarait François Fillon,
interrogé à Moscou par RFI.

Il y a ceux qui sont dans un tout autre registre, à l'image
du patron de l'UMP Jean-François Copé, qui se désolidarise des accusations à
l'encontre de la justice : "J'estime qu'à ce stade, ne comprenant
absolument pas les motivations, je dis juste, attendons un peu.
"

Est-ce parce que la droite est sous le choc ?

En tout cas ces éléments de langage sont nettement moins bien calés qu'à l'accoutumée ce
qui amuse beaucoup le vice-président du FN Florian Philippot sur iTélé : "Ses amis de l'UMP, entre guillemets, voudraient se débarrasser de lui,
qu'ils ne s'y prendraient pas autrement, avec une aussi mauvaise défense. Il faut
leur expliquer que s'ils veulent sauver Nicolas Sarkozy il faut qu'ils changent
de discours, parce que là ils sont en train de liguer tous les Français contre
lui.
"

Pendant ce temps, la majorité est dans la retenue à
l'encontre de Nicolas Sarkozy, mais fustige l'attitude de ses amis. Elle entend
respecter la présomption d'innocence, mais réclame aussi le respect de
l'indépendance de la justice.

Le Premier secrétaire du PS, Harlem Désir, met en
garde la droite contre toute "pression " à l'encontre du pouvoir
judiciaire, tout comme la ministre du Logement Cécile Duflot sur BFM TV : "La justice fait son travail, elle fait son travail librement et moi les
cris d'orfraie de Monsieur Guéant et de Monsieur Guaino m'inquiètent un peu sur
leur conception qu'ils ont de la justice. Pourquoi Nicolas Sarkozy devrait-il
faire l'objet, maintenant qu'il est redevenu un citoyen comme les autres, d'un
traitement différent ? Il faut de la transparence, de la normalité,
l'indépendance de la justice.
"

"Indépendance de la justice " et
"transparence ", antidotes à la tentation du "tous pourris "
? Au terme de cette folle semaine, les résultats du second tour de l'élection
partielle qui oppose ce dimanche le député UMP sortant à une candidate Front
national dans l'Oise seront observés avec attention.

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