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L'info de l'Histoire. Tremblements de terre : la leçon du séisme de Lisbonne en 1755

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Article rédigé par Fabrice d'Almeida, franceinfo
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Vue générale de Lisbonne (Portugal), mai 2003 (POL DERWENN / MAXPPP)

Le séisme en Turquie et en Syrie a provoqué une immense émotion à travers le monde. Le bilan de plus de 41 000 morts ne cesse encore de s’alourdir. De tels tremblements de terre jouent un grand rôle dans l’histoire, comme en témoigne celui de Lisbonne au XVIIIe siècle.

C’était en 1755, à la Toussaint : le 1er novembre. Les familles s’étaient réunies pour la fête des morts, dans la capitale qui devait compter près de 200 000 résidents. À 9h40 du matin, commence une première secousse. Elle inquiète les habitants. Bientôt, elle est suivie de trois répliques. Les immeubles dansent puis s’effondrent. Que faire ? Certains décident de fuir vers le rivage et le port quand soudain, un tsunami survient. Une vague de 5 à 10 m submerge les docks et s’avance de 250 m dans les terres. La population est désespérée et tente de porter secours aux habitants des immeubles de pierre, quand éclatent les premiers incendies dans les maisons de bois.

La catastrophe est complète. De vénérables édifices religieux remontant au Moyen Âge ne sont plus que ruines, comme la cathédrale. Sur 40 églises majeures il n’en reste plus que cinq debout. La ville est détruite à 85 %. Et combien de morts ? 10 000 sur le coup. Puis 40 000 ou 60 000, selon les familles.

Dans ce drame surgit une figure. C’est Sebastiao Jose Carvalho e Melo, le futur marquis de Pombal. Il vient d’être nommé principal ministre. Alors que la famille royale, partie de Lisbonne pour Belem, décide de rester loin du désastre, le ministre s’active sur place, avec sa garde. Pendant huit jours, il vit dans son carrosse qu’il déplace en ville au gré des besoins. Il fait pendre une trentaine de pillards et de voleurs qui détroussaient notamment les religieuses, tout juste sorties des couvents effondrés. Il coordonne la fouille des décombres, fait venir de quoi alimenter et loger les survivants. Huit jours où le chef du gouvernement est décrit portant des vêtements salis, déchirés, des bas filés, tant il paie de sa personne pour son peuple.

Les leçons des séismes

Plus tard, avec des architectes, c’est encore le marquis de Pombal qui préside à la reconstruction de la capitale. Il élève les premiers bâtiments antisismiques. La Lisbonne que nous connaissons aujourd’hui lui doit beaucoup.

En fait, les grands tremblements de terre changent l’ordre des choses et l’organisation du pouvoir. Pour le président Erdogan et pour Bachar El Assad, c’est un nouveau défi pour leur autorité. Ensuite, un vif débat intellectuel s’impose sur le sens de ces événements, les responsabilités. Le tremblement de terre de Lisbonne a favorisé les lumières et fragilisé la croyance en Dieu. Qu’en sera-t-il de celui de Turquie et de Syrie, ces terres de l’islamisme brûlant hier encore ? Enfin, ce qui frappe, c’est l’incroyable résilience des peuples. Tous reprennent leur vie après ces drames et bâtissent un environnement plus sûr. Espérons que la Turquie et la Syrie suivront le modèle de Lisbonne.

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