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En Iran, un pilote d'avion sanctionné à cause de son exploit

Houshang Shahbazi, pilote d'Iran Air, empêche son avion de s'écraser et sauve tous ses passagers. Mais l'affaire souligne la vétusté des appareils iraniens. Le pilote est sanctionné.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Ce pilote a sauvé ses passagers. Il a réussi à poser son avion alors que le train d'atterrissage, à l'avant, était bloqué. Les images sont spectaculaires. Elles ont fait le tour du monde : la scène se déroule il y a un an, à l'aéroport international de Téhéran. Le Boeing 727  de la compagnie Iran Air arrive de Moscou. Il s'apprête à atterrir. Mais le train avant ne fonctionne pas. Il reste à l'intérieur du fuselage. Le pilote tente le tout pour tout. Il pose son appareil sur le nez, en douceur. Personne n'est blessé.

Houshang Shahbazi vient de réaliser un exploit. Ce pilote de 55 ans peut être fier de lui. A bord de l'avion, il y avait 19 membres d'équipage et 97 passagers, dont 80 scientifiques russes spécialisés dans le nucléaire, autrement dit particulièrement appréciés en ce moment en Iran.

Sur le site du journal Le Monde, Assal Reza raconte la suite de cet atterrissage exceptionnel. Houshang Shahbazi devient un héros. Il donne des interviews et il saisit l'occasion pour dénoncer les sanctions américaines contre l'Iran. Selon lui, si ce Boeing 727, qui volait depuis quarante ans, est tombé en panne, c'est à cause des Etats-Unis. Téhéran ne peut plus acquérir de matériel neuf ou même des pièces détachées. Les sanctions mettent les passagers en danger. Au mois de mars, le pilote se rend même à Genève, au Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Publiquement, devant le monde entier, il continue à porter son message. Houshang Shahbazi veut défendre sa patrie.

Mais soudain, son employeur le lâche. Le héros est allé trop loin. La direction de la compagnie aérienne le convoque. Elle lui reproche de donner une mauvaise image de l'aviation civile iranienne et même de l'Iran tout entier, car quand Houshang Shahbazi dénonce les sanctions américaines, il reconnaît que ces sanctions ont un impact. Un signe de faiblesse, pour le gouvernement iranien.

Quelques semaines après, le pilote est placé en retraite anticipée, neuf ans avant l'âge légal. Le site du Monde publie sa réaction. L'homme est amer. Il dénonce une "punition" et se présente comme "un soldat de la patrie". Le héros est devenu un paria.

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