En Inde, le "roi du tampon" change la vie des femmes
Il est surnommé "le roi du tampon". Mais il faudrait plutôt l'appeler "le roi de la serviette hygiénique". Arunachalam Muruganantham a conçu des serviettes périodiques à un prix abordable pour les femmes indiennes. C'est une petite révolution.
L'histoire commence il y a quatorze ans, dans l'Etat du Tamil Nadu, dans le sud du pays. Sur le site du journal Le Monde, Mathilde Damgé raconte qu'à l'époque, Arunachalam Muruganantham est pauvre. Il a 35 ans, il n'est jamais allé à l'école. Un jour, il voit sa femme ramasser des vieux chiffons dans la maison. Il lui demande pourquoi. Elle lui répond qu'elle s'en sert quand elle a ses règles et qu'elle n'a pas le choix : "si j'achète des serviettes hygiéniques dans le commerce, ça veut dire que je ne pourrai pas acheter de lait pour la famille".
Elle n'est pas la seule. En Inde, 12% des femmes utilisent des protections hygiéniques, quand elles ont leurs règles. Les autres doivent se débrouiller. Elles subissent des infections à répétition. Cette situation a des conséquences sociales : un quart des filles de 12 à 18 ans arrêtent d'aller à l'école, faute de produits hygiéniques adaptés. L'arrivée des saris en tissus synthétiques n'a rien arrangé. Cette matière est moins pratique que le coton traditionnel. Elle n'est pas réutilisable pour un usage intime.
Arunachalam Muruganantham décide alors d'en faire son combat. Il va inventer une machine à fabriquer des serviettes hygiéniques. Pendant quatre ans, il réalise des tests : sur l'ergonomie, en portant lui-même des prototypes ; sur l'absorption, en utilisant des poches remplies de sang de chèvre. Chez lui, il collectionne aussi les serviettes usagées pour les étudier. Sa femme le prend pour un fou. Elle le quitte, avant de revenir quand elle comprend sa démarche. Peu à peu, l'inventeur progresse. Finalement, il met au point une machine bon marché, capable de fabriquer 120 serviettes par heure.
Chacune de ses machines coûte environ 1000 euros. Dans des centaines de villages, des femmes utilisent maintenant l'appareil. Le modèle économique est performant. Dans le Monde, Mathilde Damgé explique qu'au bout de la chaîne, un paquet de ces serviettes coûte trois fois moins cher qu'un paquet classique. Le succès est là : en 2009, l'inventeur reçoit le prix de l'innovation. La présidente indienne, Pratibha Patil, le lui remet en personne.
Aujourd'hui, Arunachalam Muruganantham veut aller plus loin. Dans le journal britannique The Independent, il raconte qu'il est en contact avec de nombreux pays. Au Rwanda, en Afrique du sud, au Bengladesh, au Pakistan, ses machines pourraient, là aussi, changer le quotidien de plusieurs millions de femmes.
Plus d'informations sur le site du Monde.
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