Baron Empain : les mémoires de l'un de ses ravisseurs
Le baron Empain avait déjà raconté son histoire et ses 63 jours de captivité. Mais cette fois, l'enlèvement est vu de l'autre côté.
En 1977, Alain Caillol et ses amis braqueurs rêvent d'enlever un milliardaire, pour toucher une énorme rançon et refaire leur vie. Pendant des mois, ils hésitent : Marcel Dassault ? Liliane Bettencourt ? Finalement leur choix s'arrête sur le baron Edouard-Jean Empain, le PDG du groupe Schneider, un symbole du capitalisme.
Le 23 janvier 1978, après des mois de préparation, le groupe passe à l'action. Le baron est enlevé à Paris, près de chez lui, avenue Foch. Immédiatement, il est conduit hors de la capitale, au fond d'une galerie souterraine sans eau et sans électricité. Le baron est plongé dans le noir, enchaîné à la cheville.
Dès les premières heures, les ravisseurs décident de lui couper le bout d'un doigt pour faire pression sur son entourage. Personne ne veut s'en charger. La bande tire à la courte paille. L'otage est anesthésié. Un des malfaiteurs prend une planchette, un massicot. Il coupe une phalange. Quand le baron Empain se réveille, il a mal. Mais il ne se plaint pas. Il est digne, debout. Alain Caillol n'en revient pas : "son doigt ? C'est comme si on lui avait fait une tache de café sur sa cravate".
L'entourage du PDG propose alors une rançon de trente millions de francs. Le groupe refuse. Il veut 80 millions. Avec le recul, Caillol écrit : on se prenait pour des héros. "Les héros ne reculent pas devant ces enfoirés de capitalistes".
Mais la situation s'enlise. L'entourage du baron n'est pas pressé de le faire libérer, et le groupe est de plus en plus tendu. Que faire de l'otage ? Le tuer ou s'en débarrasser ? Les huit hommes décident de voter. A une voix près, Edouard-Jean Empain a la vie sauve.
Fin mars, après plus de deux mois de captivité, le PDG du groupe Schneider est relâché, près de Paris. Ses ravisseurs sont arrêtés plus tard, et jugés en 1982. Alain Caillol passe onze ans derrière les barreaux. S'il publie ses mémoires (Lumière , éditions du Cherche-Midi), aujourd'hui, c'est pour expliquer toute sa responsabilité dans l'affaire. Il n'est pas fier de lui. Trente quatre ans après, il admire encore le courage du baron. Dans le Figaro, Edouard-Jean Empain considère, lui, que Caillol "a payé sa dette" et que son récit est "fidèle". Il ajoute : "nous sommes quittes".
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