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Alma, cinq ans de violence dans un gang du Guatemala

A quinze ans, Alma découvre le monde des gangs. Elle y passe cinq ans. Un quotidien de meurtres et de viols. Aujourd'hui, elle se confie dans un webdocumentaire exceptionnel, qui sera en ligne ce soir sur Arte.tv et franceinfo.fr.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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C'est un récit détaillé et terrifiant. Face à la caméra, Alma, qui n'a pas trente ans, raconte tout, depuis le début. Son enfance, d'abord, dans un bidonville de Guatemala City. Sa famille est d'origine maya. Elle a été déracinée. Les enfants grandissent dans une cabane de plastique et de carton, sans eau ni électricité. Le père est alcoolique. Alma doit arrêter ses études. Autour d'elle, la violence est partout, fascinante, attirante. A quinze ans, la jeune fille est prête à tout pour intégrer une bande.

Son premier meurtre, elle s'en souvient comme si c'était hier. Une autre jeune femme, dans une maison. Les hommes du gang sont en train de la violer. Ils ne veulent pas qu'elle les dénonce. Ils demandent donc à Alma de tuer la jeune femme. Alma obéit, à mains nues. Mais, pour intégrer complètement la bande, elle doit subir encore un rite de passage. Elle a le choix : être violée, à son tour, ou être tabassée. Elle choisit la seconde solution, comme un examen de passage, qu'elle réussit. Elle devient membre du gang.

Dans le documentaire d'Isabelle Fougere et Miquel Dewever-Plana (http://alma.arte.tv/fr/), Alma raconte aussi le quotidien de la bande. Des batailles de quartiers, ou plutôt de bidonvilles. La rivalité avec d'autres gangs, la drogue, et surtout les extorsions. Le groupe a besoin d'argent. Il rackette ceux qu'il croise. Ses victimes doivent payer, ou mourir.

Alma est heureuse. Elle a trouvé une nouvelle famille, avec ses codes, ses tatouages, ses rituels. Bien sûr, la police l'arrête parfois. Mais les fonctionnaires sont corrompus. Alma ne reste jamais longtemps derrière les barreaux. La prison la rend plus forte, plus dure encore. Le deuxième crime qu'elle commet, dit-elle, est une formalité : "c'est aussi facile que de voler".

Mais la violence commence à la dominer. Alma rêve d'un nouveau départ. Elle s'enfuit aux Etats-Unis, où vit sa soeur. Elle pourrait tourner la page, mais le passé la rattrape, comme une lame de fond. Alma ne peut pas oublier la bande, ni cette vie hors du commun qui la terrifie mais qui l'attire en même temps. Alma rentre au Guatemala. Sera-t-elle acceptée, malgré sa fuite ? Oui, apparemment. Pas pour longtemps. Alma tombe enceinte. La violence lui est de plus en plus insupportable. Cette fois, sa décision est irréversible : elle va quitter le gang. Elle prend rendez-vous avec le groupe. Son départ est accepté. Mais au moment où Alma tourne le dos, ses compagnons lui tirent dessus. La jeune femne ne pourra plus jamais marcher. Au moins, elle est vivante.

Aujourd'hui, donc, elle se confie. Son témoignage est exceptionnel. Alma a repris ses études. Elle rêve d'être psychologue.
 

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