A Lyon, le mystère Nicolas le Bec
Il est parti sans prévenir, au milieu du mois de juillet. Un samedi, les cinquante salariés du restaurant "Rue Le Bec" viennent prendre leur service. Ils trouvent porte close. Leur patron, Nicolas Le Bec, a disparu. La rumeur courait depuis plusieurs semaines. Mais le cuisinier a attendu le dernier moment pour avertir quelques proches. Il a aussi envoyé un SMS au maire de Lyon, Gérard Collomb, et à sa femme. Le message est laconique : "La rue Le Bec est à vendre, je pars m'installer avec mon épouse à Shanghaï, et ce, dès cette année".
Que s'est-il passé ? Dans le Point, Catherine Lagrange raconte le mystère Le Bec. Côté pile et côté face.
Coté pile, c'est une ascension rapide. Dans les années 1990, le jeune chef apprend son métier dans plusieurs grands restaurants, avant d'ouvrir le sien, en 2000, à Lyon, à l'hôtel la Cour des Loges. Le succès est immédiat. En 2002, le guide Gault et Millau accorde à Le Bec le titre de cuisinier de l'année. Le chef bâtit sa réputation. Le cheveu hirsute, il est inventif, il aime les beaux produits, il est enthousiaste. Mais il est aussi colérique, ambitieux, très exigeant. Un de ses confrères s'en souvient : "je l'ai vu plusieurs fois à trois ou quatre heures du matin téléphoner à son second pour savoir s'il avait bien passé les commandes".
En 2004, Nicolas Le Bec ouvre son restaurant gastronomique, rue Grôlée, et trois ans plus tard, il obtient deux étoiles au guide Michelin. C'est la gloire, au coeur de Lyon, dans la capitale de la gastronomie. Le Bec voit grand. En 2009, il ouvre une immense brasserie, "Rue Le Bec", un restaurant-loft de 2000 mètres carrés, au bord de la Saône, dans le nouveau quartier Confluence. Les clients sont au rendez-vous, et Le Bec au firmament.
Côté face, derrière le comptoir, c'est une autre affaire. La gestion du restaurant est catastrophique. D'après Catherine Lagrange, dans le Point, le chef aime tellement les beaux produits qu'il est capable de facturer un plat moins cher que son prix de revient. Quand il part pour Shanghaï, cet été, son équipe découvre le montant de l'ardoise, une dette de quatre millions trois cents mille euros. Le restaurant est placé en liquidation judiciaire.
Une nouvelle équipe a pris le relais. La brasserie ne s'appelle plus "Rue Le Bec" mais "Les Salins". Nicolas Le Bec, lui, a rompu avec Lyon, la ville qui a fait sa gloire. Pour beaucoup, c'est un gâchis. Le cuisinier rêve d'ouvrir une nouvelle affaire, à Shanghaï, dans quelques mois.
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