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L'expérience Vendée Globe : Jour 37

Seize micros embarqués à bord de "LinkedOut", le bateau de Thomas Ruyant. Une installation de l'artiste Molécule qui offre une première mondiale : raconter le tour du monde à voile par l'audio. À vivre tous les jours de la course sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Thomas Ruyant à la manœuvre dans l'Océan Indien. Décembre 2020 (PIERRE BOURAS / TR RACING)

Latitude 52°6' SUD sur la ligne de la zone d’exclusion de l’Antarctique. A plus de deux mille kilomètres au nord, il y a Adelaïde l’australienne. Il fait six degrés dans l’air et dans l’eau.

"Même avec les gants et le bonnet, ça caille à l’intérieur. J’ai fermé la porte, j’ai fait une charge moteur, j’en ai profité pour faire sécher mes pieds près du moteur. Cette nuit, j’ai eu froid. Je navigue porte fermée pour garder de la chaleur dans l’habitacle. On sent qu’on est dans les mers du Sud !" En se laissant glisser au sud, Thomas Ruyant a compensé le handicap du foil abîmé de Linkedout pour trouver un peu de pression et garder un mince avantage en tête de course au lever du jour. Leader devant Yannick Bestaven qui repart de plus belle et Charlie Dalin plus loin qui semble avoir résolu son problème au puits de foil.

"Je renvoyais un peu de toile. J’ai empanné en milieu de nuit, enfin ! Il y a 25 nœuds de vent avec une mer courte, ce n’est pas facile d’avancer. Ah cet océan Indien avec ces mers croisées et courtes ! C’est dur de trouver la bonne toile. Je suis en bâbord amures donc ça va aller mieux, on fait cap à l’Est, avec en majorité du bâbord amures et quelques empannages. Ce sera une route plein est pendant un bon bout de temps, au moins jusqu’à après-demain. Il y aura peut-être des transitions à négocier avec un peu moins de vent."

Dans le carnet de bord sonore du jour, tous les efforts du skipper à bord arrivent dans les micros de Molécule. Toute l’énergie de Thomas Ruyant s’entend : "Empanner est une sacrée manœuvre. D’abord, tu t’occupes de tout le matossage à l’intérieur. Cela prend déjà un bon quart d’heure de déplacer les voiles, les sacs de sécurité et de nourriture de l’autre côté du bateau. Après, je retourne dans mon cockpit et je prépare les différentes ficelles pour basculer la voile d’avant de l’autre côté. Je ballaste et j’abats doucement. Dans la foulée, je choque la bastaque, et je mets la quille dans l’axe puis je bascule la voile d’avant et la met en ciseau. J’essaie d’accélérer sur une vague pour faire passer la grand-voile, et puis je requille, je reprends de la bastaque et c’est reparti ! Ça prend une bonne demi-heure, et quand il y a un 'jibe' à mettre près de la zone des glaces, il ne faut pas se planter dans le timing ! Il faut faire attention aux lattes de grand-voile qui peuvent taper dans les haubans et la bastaque dessous."

Gérer le temps de récupération dans des nuits de plus en plus courtes à proximité du pôle sud. Gérer le jet-lag et l’excitation de découvrir de nouveaux horizons. Plein est, c’est la sortie de l’Indien : "Je vais découvrir le Pacifique, n’ayant pu y entrer il y a quatre ans suite à mon abandon au sud de la Nouvelle-Zélande. J’ai hâte d’y être, et j’espère que la mer y sera moins difficile que dans l’Indien. C’est apaisant de savoir que l’on n'aura pas de grosses tempêtes à venir. Je me concentre sur ma course, mes trajectoires et mon bateau. Je ressens une certaine sérénité."

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