Un Chinois condamné à verser 50 000 yuans à son ex-femme pour les tâches ménagères effectuées durant leur mariage
Le juge Feng Miao a rendu son verdict lundi, en s’appuyant sur un nouveau texte du Code civil chinois qui reconnait la valeur des tâches ménagères. Et son verdict a suscité énormément de commentaires sur les réseaux sociaux chinois.
Le jugement a été rendu lundi, en Chine, dans la province de Fangshan, en banlieue de Pékin, et c’est une première là-bas puisque la loi permettant d’indemniser l’un des conjoints pour le travail effectué au foyer pendant les années de mariage vient tout juste d’entrer en vigueur, le 1er janvier dernier.
L’idée est de prendre en considération le temps et l’énergie donnés pour éduquer un enfant, s’occuper d’une personne âgée ou d’un adulte dépendant. C’est donc sur ce texte que s’est appuyé le juge Feng Miao pour clore la demande de divorce de M. Chen et M. Wang, en instance depuis un an. Une histoire qui a tout du banal.
Du coup de foudre à la... compensation
Tous deux se sont rencontrés en 2010. Coup de foudre, ils emménagent ensemble puis décident de se marier cinq ans plus tard, en 2015. Un enfant naît, dont l’éducation n’intéresse pas vraiment M. Chen, alors Madame arrête de travailler et se retrouve mère au foyer. Elle assume, seule, la charge, l’éducation, les soins de l’enfant, et, en parallèle, gère courses, ménage, rangement, lessive, repassage, repas, vaisselles, paperasses et bricolage. Un gouffre insidieux se créé, l’amour s’étiole, et les deux époux décident de vivre séparément, monsieur quittant le foyer et laissant l’enfant aux bons soins de Madame. Jusqu’à la demande de divorce, formulée par l’époux, à laquelle consent l’épouse en échange de compensations.
Les travaux ménagers ont une valeur immatérielle, ils contribuent à l’amélioration du cadre de vie de l’autre conjoint et le développement de l’enfant, deux choses qui ne se matérialisent pas dans des biens que l’un pourrait donner à l’autre, d’où la compensation financière.
Feng Miao, président du tribunal du district de Fangshangau moment du verdict
Ce sont ces compensations que le tribunal vient enfin de définir : M. Chen doit donc verser une pension mensuelle pour la garde de l’enfant, de 2 000 yuans, soit 250 euros, mais surtout 50 000 yuans, un peu plus de 6 300 euros au titre du travail effectué par madame Wang pendant leurs années de vie commune. "Les travaux ménagers ont une valeur immatérielle, a estimé le juge au moement du verdict, ils contribuent à l’amélioration du cadre de vie de l’autre conjoint et le développement de l’enfant, deux choses qui ne se matérialisent pas dans des biens que l’un pourrait donner à l’autre, d’où la compensation financière."
Un verdict qui a suscité énormément de réactions : 400 millions de commentaires sur le réseau social Weibo, rien que pour la journée de lundi, c’est dire si le débat est vif. Essentiellement parce que, d’après les internautes, 50 000 yuans, ce n’est pas assez pour cinq années de tâches ménagères, une employée gagnant bien plus que cette somme en seulement six mois. Et ce débat a largement dépassé les frontières de la Chine puisque les médias du monde entier s’en font l’écho, des Etats-Unis à l’Inde, en passant par l’Angleterre. Débat dont on peut parier qu’en France aussi il susciterait pas mal de commentaires.
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