Peter William Geddes, le pianiste le plus imperturbable du monde, joue au milieu d'une émeute à Barcelone
C’était samedi soir à Barcelone en Espagne. Comme tous les jours, Peter William Geddes avait installé son piano sur la Placa Nova pour jouer des reprises. Sauf que, juste derrière, une manifestation anti-couvre-feu a dégénéré, entraînant l’intervention des forces de l’ordre toutes sirènes hurlantes. Le pianiste, lui, n’a pas bougé. La vidéo a été vue six millions de fois.
Ce pianiste nous offre une scène illustrant parfaitement le surréalisme de cette année 2020. C’était samedi soir, à Barcelone, en Espagne : il fait nuit, le couvre-feu va commencer et sur la Plaça Nova, près de la cathédrale, comme tous les jours, Peter William Geddes joue du piano. Il égrène tranquillement ses reprises, quand soudain éclate derrière lui une première grenade, puis déboulent des grappes d’émeutiers anti couvre-feu, suivis par des équipes de policiers et des fourgons, toutes sirènes hurlantes. Imperturbable, notre pianiste continue de jouer.
La scène est assez lunaire, Peter William Geddes ne lève même pas la tête, il joue sa reprise de Eternal Flame des Bangles, dont les paroles, ironie de l’histoire, disent "suis-je en train de rêver, est ce que ça brûle" ? Les spectateurs, eux, sont en revanche très inquiets, certains s’enfuient, d’autres restent, à la fois apeurés et surpris en constatant que le petit concert continue. Mais voilà, Peter Geddes a toujours joué là. Pas de raison que ça change. Pas question de se laisser bousculer par le chaos du monde. Les révoltes passent, la musique reste.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il a bien entendu ce qui se tramait dans son dos. Mais il explique que cela n’a fait que renforcer sa tranquillité. "Quand je joue, dit-il au Guardian, je suis toujours très calme, je ne ressens aucune nervosité, j’aime ça, c’est tout, ça me détend". La fin de l’histoire c’est que, ni lui, ni ses spectateurs n’ont été blessés, et qu’après le concert, ils sont allés manger des pizzas tous ensemble.
"Meilleure illustration de 2020"
En cinq jours, son ode involontaire à la sérénité a été vue six millions de fois sur Instagram et Twitter, scène que de nombreux internautes qualifient donc de "meilleure illustration de 2020". Et effectivement, si l’attitude du pianiste nous fait sourire, la scène soulève un tas de questions : qu’aurions nous fait ? Aurions-nous fuit ? Serions-nous restés ? Faut-il faire comme si de rien n’était quand tout s’effondre autour de soi ? Doit-on ignorer les soubresauts de l’actualité ?
Chacun répondra comme il l’entend, mais là où l’attitude de Peter Geddes peut inspirer, c’est dans l’application du principe suivant : d’une manière générale, rien ne sert de s’affoler. Dans le tumulte, on ne perd jamais à garder son sang-froid.
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