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Nadine Ijewere, la première femme noire à signer la photo de couverture du magazine "Vogue" en 129 ans d’existence

Le magazine de mode américain de référence lui a confié sa couverture du numéro d’avril, pour tirer le portrait de la chanteuse Selena Gomez. Une première qui apporte un autre regard et qu’elle espère inspirante pour "montrer aux femmes noires qu’il y a des places à prendre."

Article rédigé par franceinfo, Marion Lagardère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Nadine Ijewere, photographe. (CAPTURE D'ECRAN ICP MUSEUM)

Elle a immortalisé la chanteuse Selena Gomez pour le numéro d’avril du magazine américain Vogue, prescripteur de la norme en matière de mode depuis 1892, autrement dit depuis 129 ans. Nadine Ijewere, 28 ans, est la première photographe noire à signer un portrait de couverture. Une photo qui change tout. Elle change tout parce qu’une photo, c’est un regard sur un sujet, et que depuis 129 ans, c’est un regard masculin et européen qui est posé sur les modèles (appelé "male gaze" par les anglophones), avec toujours le même message, toujours les mêmes femmes, élancées, longilignes, et à la peau blanche, dans l’immense majorité. Alors oui, les photos de Nadine Ijewere changent tout, apportent un autre regard, et une démarche rafraîchissante, naturelle, réaliste.

D’origine jamaïcaine et nigériane, elle est née en 1992, en Angleterre, à Londres. Et très tôt, elle est frappée par la dissemblance entre la diversité qu’elle voit à l’école et les filles des magazines, toutes semblables, toutes stéréotypées : "Au lycée, je me suis mise à prendre mes copines en photo, à faire leurs portraits, pour compenser, explique-t-elle au podcast Dior Talks, parce que je voulais voir plus de femmes qui nous ressemblent, à moi et mes amies, en une des magazines."

Elle décide donc de faire de la photographie son métier et s’inscrit au London College of Fashion, l’institut londonien de la mode, et se retrouve, seule élève noire de sa promotion. "Toutes les images qu’on nous faisait travailler, confie-t-elle à Vogue UK, célébraient le même look, encore et encore, donc pour ma dernière année d’étude, j’ai décidé de ne photographier que des modèles noires, asiatiques, indiennes, hispaniques, des filles hors des radars, refusées par les castings et c’est devenu le trait central de mon travail."

Le but, c’est d’encourager les jeunes femmes noires, leur montrer qu’il y a des places à prendre dans cette industrie, des deux côtés de l’appareil photo

Nadine Ijewere, photographe

dans un post Instagram

Grâce à son compte Instagram, elle expose ses photos, son nom circule parmi les mannequins, mais aussi les directeurs artistiques, et, en 2018, l’édition anglaise de Vogue l’appelle et lui confie sa couverture, en précisant à ses lecteurs qu’elle est la première photographe noire à la faire. L’année d’après, Vogue Espagne fait pareil avant que la maison mère, le Vogue US, ne fasse de même cette semaine. Elle est la première, et elle est pour l’instant la seule. "Mais justement, précise-t-elle dans un post Instagram, le but, c’est d’encourager les plus jeunes, leur montrer qu’il y a des places à prendre, des deux côtés de l’appareil photo." Effectivement, en cherchant bien, il doit bien y avoir d’autres Nadine Ijewere. Et il est grand temps de les trouver.

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