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L'étoile du jour. Asia Bibi, chrétienne pakistanaise condamnée à mort pour blasphème vient d'être acquittée

Coup de cœur ou coup de griffe : tous les matins, Marie Colmant distribue ses bons points. Aujourd'hui, l'acquittement d'Asia Bibi.

Article rédigé par franceinfo - Marie Colmant
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des manifestants protestent contre l'acquittement d'Asia Bibi à Lahore (Pakistan), le 31 octobre 2018. (ARIF ALI / AFP)

"L'Étoile du jour" est une femme qui peut enfin respirer. Cette étoile est Pakistanaise. Elle s'appelle Asia Bibi et elle a été acquittée, il y a quelques heures à peine, mercredi 31 octobre, par une cour pakistanaise. Son calvaire a pris fin après dix ans passés dans le couloir de la mort d'une prison en attendant que soit fixé la date prévue pour sa pendaison.

Mais quel était donc le crime commis par Asia Bibi, cette pakistanaise chrétienne qui vivait dans le Pendjab, mère de cinq enfants, condamnée à mort en 2010 ? L'histoire est folle. Un jour de juin 2009, elle ramasse des fruits dans un verger en compagnie d'autres femmes musulmanes (il faut le préciser). Il fait très chaud ce jour-là, tout le monde a soif, alors Asia est désignée pour aller chercher de l'eau. Mais elle ne peut résister à la tentation de se désaltérer elle-même avant d'apporter l'eau.

Les insultes pleuvent

Horreur et malheur. La chrétienne a trempé ses lèvres, elle a souillé l'eau. Le ton monte, les insultes fusent : "Ton Jésus n'est qu'un batard sans père", lance une des femmes à Asia Bibi qui réplique que Jésus lui est mort sur la croix pour sauver l'humanité, alors que le prophète Mahomet n'a rien fait. La scène dégénère et vire au lynchage par les voisins qui crachent à la figure d'Asia Bibi, alors accompagnée de sa fille de huit ans. Le lendemain, les villageois trainent Asia Bibi devant le mollah qui ordonne qu'elle soit battue avant d'être jetée en prison et condamnée à la pendaison pour blasphème.

Mais la condamnation, et surtout la loi invoquée sur le blasphème, ne font pas l'unanimité au Pakistan, où certains officiels, gouverneurs de province, avocats, remettent en cause cette condamnation. Mal leur en prend, un gouverneur est assassiné en 2011 non pas parce qu'il a pris la défense de Asia Bibi, mais parce qu'il s'interroge sur la validité de la loi sur le blasphème. Le drame n'arrête pas la famille de Asia Bibi qui continue à se démener. Jusqu'à aujourd'hui, où d'autres juges pakistanais, extrêmement courageux, car eux aussi soumis à des menaces de mort, ont inversé la sentence et décidé de libérer Asia Bibi. Désormais, il ne lui reste plus qu'à fuir son pays. Elle pourrait éventuellement se réfugier en Irlande, qui a très récemment aboli ses propres lois sur le blasphème.

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