L'auteur britannique Michael Rosen a survécu au coronavirus et plaide pour que l'on n'oublie pas les autres rescapés
Il a passé sept semaines en coma artificiel et y a laissé un œil. Michael Rosen, auteur de best-sellers en édition jeunesse en Grande-Bretagne, demande dans une interview au journal "The Guardian" que l’on n’oublie pas les millions de malades qui, comme lui, luttent pour réapprendre à vivre.
Toute sa vie, Michael Rosen n’a eu qu’un but, donner le goût de la lecture aux enfants. Auteur de nombreux best-sellers et star de l’édition jeunesse, il est né au sortir de la guerre, en 1946, dans une famille juive polonaise près de Londres. Il a d’abord été enseignant, puis il a fait du théâtre, de la radio, et surtout écrit près de 200 livres en 46 ans. Bref, s’il est peu connu chez nous, de l’autre côté de la Manche, c’est une célébrité. Sauf que le coronavirus n’a que faire de la notoriété, et l’auteur, après avoir dédaigné de son propre aveu les gestes barrières, s’est donc retrouvé, comme nombre d’anonymes, entre la vie et la mort, sous respirateur à l’hôpital, pendant sept semaines.
C’est cette quasi-disparition qu’il raconte au journal britannique The Guardian, une interview qui, sur les réseaux sociaux, lui vaut une foule de remerciements. Sans doute parce que Michael Rosen y rappelle ce que l’on a oublié un peu vite. Il décrit par exemple le soir de mars où la maladie l’a terrassé, le plongeon dans le coma artificiel sans certitude d’en sortir, l’expérience de mort imminente, et surtout, le retour à la surface, diminué, marqué, changé, "différent", dit-il. Sept mois plus tard, il ne voit plus de l’œil gauche, n’entend plus très bien, son souffle est court et sa voix étouffée. Et puis il y a aussi les vertiges intempestifs, les orteils qui ne répondent plus, et des douleurs en permanence. "Sinon, ça va !", lance-t-il au journaliste. Ça va. Mais s’il faut des témoignages, alors voici le sien : "Voici ce que fait le virus à ceux qui restent, ceux qui n’en meurent pas."
C’est un peu comme à la fin d’une guerre, on compte les morts, on les honore, mais pas les mutilés
Michael Rosen, écrivain britanniqueThe Guardian
À 74 ans, Michael Rosen a dû tout réapprendre : parler, se lever, marcher, écrire. "Moi, j’ai de la chance, dit-il en souriant, mes neurones n’ont pas été trop endommagés."
Son message, c’est qu’à l’heure où la barre du million de morts a été franchie, le nombre de rescapés, lui, est plus considérable encore, et que, pour affronter la deuxième vague, c’est eux qu’il faut écouter et considérer. Eux qui sont encore debout.
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