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"Je n’irai pas à l’école sans ma sœur" : Rohullah, lycéen afghan en grève scolaire pour protester contre la fermeture des écoles pour filles

Vendredi 17 septembre, un décret publié par le gouvernement Taliban annonçait la réouverture des écoles secondaires pour "les élèves masculins et les enseignants masculins", laissant fermés les collèges et lycées pour filles. Une situation dénoncée par de nombreux jeunes garçons sur les réseaux sociaux.

Article rédigé par franceinfo, Marion Lagardère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Rohullah, avec une pancarte : "nous n’irons plus à l’école sans nos sœurs." sur le compte Twitter de @YaldaHakim.  (CAPTURE D'ECRAN)

Ils sont des dizaines à avoir posté sur les réseaux sociaux leur refus de retourner étudier, mais celui dont le nom et les mots reviennent le plus souvent dans la presse du monde entier s’appelle Rohullah. Il a 18 ans, est élève en dernière année dans un lycée de Kaboul, et son geste est raconté un peu partout, du quotidien britannique The Independent au journal économique Wall Street Journal, qui reprennent la même photo d’illustration, celle d’un jeune garçon, les cheveux coupés ras, portant une tunique et tenant dans ses mains une pancarte, sur laquelle il est écrit à l’encre bleu en alphabet arabe : "Nous n’irons plus à l’école sans nos sœurs."

Rohullah n’est pas celui qui a commencé, mais il est celui qui incarne le refus de plusieurs garçons de continuer à étudier comme si de rien n’était, comme si les filles avaient encore accès aux écoles secondaires alors que le nouveau gouvernement taliban vient de leur interdire d’y retourner. "Si je ne suis pas allé au lycée aujourd’hui, c’est pour protester contre cette interdiction, explique Rohullah au Wall Street Journal, les femmes représentent la moitié de la société, alors non, je n’irai pas en cours tant que l’enseignement pour les filles n’aura pas repris".

Depuis vendredi 17 septembre, effectivement, les collèges et lycées ont rouvert leurs portes, mais uniquement "pour les élèves masculins et les professeurs masculins". D’après le porte-parole des talibans, les écoles pour les filles, elles, rouvriront peut-être, mais il ne donne pas de date.

Alors il y a eu la pancarte de Rohullah, et puis en cherchant bien on trouve aussi celle de toute une fratrie, quatre garçons et une fille tenant une banderole en anglais : "Nous n’irons pas en classe sans notre sœur". On a aussi un très jeune élève, avec une pancarte "je soutiens ma sœur, nous sommes tous égaux". Et puis il y a des vidéos, d’autres garçons disant tous la même chose devant la caméra, "pas d’école sans nos sœurs", "pas d’école si ce n’est pas pour tous".

En 1996, les talibans avaient fait la même chose, mais il n’y avait pas de réseaux sociaux, de TikTok ou Facebook. Vingt-cinq ans plus tard, le refus s’entend, se voit, se partage, jusqu’ici, jusqu’à nous. Alors ce n’est peut-être pas majoritaire, mais le geste de Rohullah n’est pas isolé et il montre que, non, les interdictions, ce n’est pas que l’affaire des filles. Ça concerne aussi les frères, les pères, les amis, en bref, toute la société.

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