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En Allemagne, une jeune agricultrice de 22 ans met le gouvernement face à ses responsabilités climatiques

Jugeant la politique écologique de l’État fédéral insuffisante, elle avait saisi la justice en janvier 2020. La semaine dernière, la cour constitutionnelle lui a donné raison en estimant que la loi climat votée en 2019 portait "atteinte aux libertés" des générations futures.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La famille Backsen (Sophie, à l'extrème droite) au tribunal administratif de Berlin, poursuivent le gouvernement allemand sur sa politique climatique, le 31 octobre 2019. Photo d'illustration. (OMER MESSINGER / EPA / MAXPPP)

La cour constitutionnelle, la plus haute instance juridique, qu’elle avait saisie il y a un an, a tranché : la loi Climat votée en 2019 n’est pas suffisante pour empêcher le réchauffement climatique, elle donne des objectifs mais pas de moyens, elle est donc en partie inconstitutionnelle. Un verdict qui, pour Sophie Backsen, 22 ans, agricultrice sur l’île de Pellworm en mer du Nord, sonne comme une véritable victoire.

Etudiante en agronomie, elle travaille dans la ferme de ses parents, là même où elle a grandi, au milieu des champs cultivés en bio, des vaches et des moutons, un domaine dont elle récupèrera les rênes bientôt, lorsque son père et sa mère prendront leur retraite, et si la terre elle-même reste praticable. Parce que toute la famille le voit bien : l’eau monte. En 2017, 2018, puis 2019, l’île est chaque année assaillie un peu plus que la précédente, alternant inondations en hiver, et sécheresses en été. Des digues ont bien été construites pour éviter la submersion. Mais "si rien d’autre n’est fait, expliquait Sophie Backsen à Der Spiegel, il ne sera plus possible de vivre ici, et je perdrai ma maison." C'est-à-dire à la fois son passé et son avenir. Elle convainc donc ses parents de porter plainte avec elle contre le gouvernement fédéral allemand, pour inconséquence climatique. Puis elle embarque dans son aventure ses frères, mais aussi d’autres jeunes agriculteurs, le mouvement Fridays for Future et Greenpeace.

Ce verdict est une grande satisfaction, mais maintenant, il faut faire vite, il faut que les élus se donnent les moyens d’agir tout de suite et pas dans dix ans, pour que ma génération ne soit pas pénalisée.

Sophie Backsen, agricultrice de 22 ans

à la presse devant la cour constitutionnelle fédérale

C’était en janvier 2020. La semaine dernière, la cour constitutionnelle a jugé que "la loi Climat adoptée en 2019 n’inclue pas de dispositions suffisantes pour atteindre l’objectif de réduction de 50% des émissions de carbone d’ici 2030, de fait, elle repousse cette charge et porte ainsi atteinte à la liberté des plaignants." En résumé, l’État ne peut pas déléguer aux générations futures une mission qu’il pourrait remplir au présent.

"Evidemment, ce verdict est une grande satisfaction, a résumé Sophie Backsen à la sortie du tribunal, mais maintenant, il faut faire vite, il faut que les élus se donnent les moyens d’agir tout de suite et pas dans dix ans, pour que ma génération ne soit pas pénalisée, qu’on puisse continuer à cultiver ici, se nourrir et nourrir la population." Comme une petite leçon de pragmatisme qui, alors qu'ici en France, les députés doivent voter aujourd’hui la loi Climat, devrait nous parler aussi.

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