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Dolph Schulter, le scientifique qui a prouvé les intuitions de Darwin sur la théorie de l’évolution, reçoit l’équivalent du Nobel de biologie

Il a démontré que ce n’est pas la loi du plus fort qui prévaut mais celle de la diversité. À 67 ans, ce biologiste canadien, dont les travaux sont déjà largement reconnus, a décidé de léguer la bourse de 500 000 euros à des associations caritatives.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Dolph Schulter, professeur en évolution biologique à l’université de British Columbia au Canada sur le compte Twitter de The royal swedish academy of sciences. (CAPTURE D'ÉCRAN)

Dolph Schulter est professeur en évolution biologique à l’université de British Columbia, à Vancouver au Canada. Depuis quarante ans, il cherche à étayer les intuitions du naturaliste Charles Darwin, à mettre des exemples concrets sur sa théorie de la sélection naturelle qui a totalement bouleversé notre regard sur le monde vivant il y a 160 ans. Et finalement, fin janvier 2023, à 67 ans, il vient de remporter le prix Crafoord remis par l’Académie Royale des Sciences de Suède, l’équivalent d’un Nobel de biologie, prix qui récompense ses travaux sur les processus d’adaptation des espèces.

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Dolph Schulter nous permet de mieux comprendre ce qu’est la sélection naturelle et comment les espèces résistent, comment elles évoluent. En 1983, Dolph Schulter est parti dans l’océan Pacifique sud, dans l’archipel des Galapagos, ces mêmes iles où Charles Darwin était passé en 1835 avant de publier son essai l’Origine des Espèces. Là-bas, Schulter étudie la morphologie des oiseaux, précisément des pinsons, et il réalise que, partant d’un ancêtre pinson commun, 13 espèces différentes se sont développées et chacune a accentué sa particularité : pour une espèce, la sélection naturelle a favorisé un gros bec, pour une autre un bec plus court et fin, chacune a développé son mode de vie propre, sa préférence en terme de nourriture, ou encore de reproduction.

"Rayonnement adaptatif"

Ces observations démontrent que ce n’est pas la loi du plus fort qui prévaut, cette idée qui voudrait que tout disparaisse au seul profit d’une seule espèce plus résistante. Ce qui prévaut, c’est ce que Schulter appelle le "rayonnement adaptatif", la loi de la diversité : les espèces survivent en variant, en se diversifiant, toujours, partout, et pour tout, pour les animaux comme pour les plantes, les virus, les bactéries. Et le scientifique fait la même observation sur des populations de poissons dans un lac canadien, les épinoches à trois épines, qui barbotent là depuis 12 000 ans, un temps très court sur l’échelle de l’évolution, mais qui leur a suffi pour se diviser en sous-espèces très diverses.

L’autre enseignement de ces travaux, c’est que l’environnement joue un rôle capital dans le processus de sélection naturelle. De quoi se demander quels changements provoquera le bouleversement climatique en cours, les réchauffements, les sécheresses, la perte de biodiversité et donc de source de nourriture pour beaucoup d’animaux. Dolph Schulter pourrait travailler là-dessus, mais il a décidé de léguer l’ensemble de la bourse qui va avec son prix, plus de 500 000 euros, à des plusieurs associations, chacune avec des missions différentes, variées, diverses évidemment.

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