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Au Royaume-Uni, ce chef pâtissier prête son four à ceux qui n'ont pas les moyens de cuisiner à la maison

L’inflation a atteint 11% au mois de novembre chez nos voisins, son plus haut depuis 40 ans, avec des prix du gaz et de l’électricité qui s’envolent. Les premières victimes sont les foyers les plus modestes. Ed Hamilton a décidé de les aider en ouvrant les portes de ses cuisines.

Article rédigé par franceinfo - Marion Lagardère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Mères seules, étudiants, retraités...  Une quarantaine de personnes ont apporté leurs gâteaux au chef britannique Ed Hamilton-Trewhitt et profité de son four. Photo d'illustration. (AMANCAY MAAHS PHOTOGRAPHY / MOMENT RF)

Depuis quelques jours, Ed Hamilton-Trewhitt prête son immense four industriel à celles et ceux qui, face à des factures d’énergie qui ne cessent de gonfler, renoncent à utiliser celui de leur foyer. Ça se passe au Royaume Uni, dans la petite ville de Guisborough où le chef pâtissier tient une boulangerie-pâtisserie solidaire. Sa spécialité est le scone géant à 60 cents, petit pain typiquement britannique. Et s’il a décidé d’ouvrir son arrière-boutique, c’est parce qu’en novembre, une de ses clientes lui a confié qu’elle préférait acheter ses scones par dizaines plutôt que de cuisiner elle-même chez elle à cause du coût de l’énergie.

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Relancer la tradition du four communautaire

"Elle m’a dit, explique le chef au Washington Post, que cette année elle ne ferait pas ses cakes de Noël parce que sa facture d’électricité a doublé et qu’elle peine à l’honorer, et ça m’a bouleversé, je me suis dit qu’on devait bien pouvoir faire quelque chose." Et le quelque chose était tout trouvé : avec tout ce qu’il prépare chaque jour, son four tourne quasiment 24h/24, et il y a clairement de la place pour y ajouter un moule à gâteau supplémentaire. Ed Hamilton a donc décidé de prêter cet espace à cette dame mais aussi à tous ceux qui en auraient besoin.

Il l’a annoncé sur la page Facebook de sa boulangerie et a rapidement réalisé l’ampleur de la crise en cours : des mères seules, des étudiants, des retraités lui ont apporté leurs gâteaux, une quarantaine en deux semaines. D’autres ont demandé s’ils pourraient venir la veille de Noël pour cuire leur cake, des préparations très denses, qui demandent parfois quatre, cinq, six heures de cuisson, mais qui sont des incontournables des fêtes de fin d’année en Angleterre.

Ed Hamilton ouvre donc les portes de sa cuisine. Et à regarder son parcours, ça n’a rien d’étonnant. Pendant des décennies, il a été chef dans des palaces, il a géré six restaurants et même servi la reine d’Angleterre, et puis il y a quelques années il s’est dit qu’il voulait tout changer, faire du délicieux abordable, et créer sa pâtisserie solidaire. Aujourd’hui, son acte de générosité lui vaut d’être appelé par les médias du monde entier. Mais Ed Hamilton temporise en disant que ce n’est qu’un petit geste, un service qu’il maintiendra d’ailleurs après Noël, pour finalement "faire revivre une vieille tradition médiévale bien utile qui s’appelle le four communautaire."

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