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Une rentrée politique atone

Jour de rentrée anticipée pour les députés. Droite et gauche se sont retrouvés face à face, pour les questions au gouvernement. L'ambiance était moins électrique qu'avant les vacances.
Article rédigé par franceinfo
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L'opposition accuse le coup. Le coup de mou
était palpable cet après midi dans l'hémicycle. En juin dernier, les députés de
l'ancienne majorité sarkozyste se montraient combattifs, voire agressifs. Ils
saisissaient la moindre occasion pour polémiquer, et chahuter les nouveaux ministres.
Cet après-midi, les rangs UMP étaient assez clairsemés, les invectives rares,
et la séance assez calme finalement. Bien sûr, l'ancien ministre Luc Chatel a
interpellé durement le gouvernement, sur ses " reniements ",
et son absence de calendrier. Jean-François Copé s'est dit " sidéré
par l'impréparation du gouvernement ".
Mais les propos, forts sur
le fond, n'ont pas été suivis de la mise en scène habituelle, qui voit les
députés de l'opposition vociférer et railler les ministres. Le rapport qui
valide la nécessité des licenciements à PSA n'a même pas été brandi à la face
de ceux qui disaient ces suppressions de postes inacceptables il y a quelques
semaines. L'équipe de Jean-Marc Ayrault a déroulé son refrain sur la priorité à
" l'emploi, l'emploi, l'emploi " sans coup férir.

L'opposition serait donc bien atone.

Assez atone oui, parce qu'elle se sent un peu
piégée. Le mot est utilisé par plusieurs responsables UMP. Piégée par
différents textes : sur les emplois d'avenir, sur le mariage homo, voire
le logement. Les emplois d'avenir, c'est la première mesure du gouvernement
Ayrault sur laquelle les parlementaires vont devoir prendre position. Quelques
députés UMP sont prêts à voter pour, beaucoup de maires UMP vont y avoir
recours. Alors que le groupe est contre ce texte. Mêmes nuances concernant le
mariage homo. Le group est contre, mais certains députés approuveront le texte,
d'autres voteront contre, mais célèbreront ces mariages sans mégoter. Ces deux
textes piègent les UMP, car ils les empêchent d'afficher une opposition unie
face à la majorité. Une posture qui gêne pas mal d'UMP, pour lesquels le rôle
de l'opposition est de " cogner " sans état d'âme,
sans qu'il lui soit nécessaire, pour l'instant, de proposer une politique
alternative. Lors de la réunion du groupe UMP, ce matin, face à ces pièges, il
a surtout été décidé de ne pas verser dans la polémique excessive, d'où
peut-être cette atonie des députés UMP.

Du coté socialiste également, on retient
son souffle et ses critiques.

Les députés n'ont pas tous été ravis de voir
leur calendrier anticipé, pour reprendre aujourd'hui. Alors qu'ils devront
s'interrompre pour les journées parlementaires des différents groupes. Mais ils
n'en disent rien. Cette séance a surtout consacré quelques ministres poids
lourds, qui ont cherché à démontrer leur solidité face à l'opposition, de
Pierre Moscovici, Michel Sapin, à Manuel Valls, en passant par Jérôme Cahuzac,
et Arnaud Montebourg, et surtout Jean-Marc Ayrault. Le Premier ministre
s'exprimant plusieurs fois pour démontrer sa détermination. Les députés
socialistes eux, n'ont pas vraiment investi les 4 colonnes pour porter la bonne
parole aux journalistes.

C'est peut-être aussi à cause du
feuilleton de la succession de Martine Aubry.

Ce suspense fait beaucoup rire
les députés de l'opposition. Martine Aubry, en accord avec Jean-Marc Ayrault,
et par conséquent François Hollande, doit désigner celui qui va lui succéder. Après
celui de Jean-Christophe Cambadélis, le nom de Harlem Désir tient la corde
aujourd'hui. François Hollande aurait subtilement laissé faire, et laissé dire,
pour s'en assurer et surtout se prémunir d'un départ fâché de son ancienne
rivale. Les députés n'y comprennent plus rien, tant le système de désignation
se pratique entre initiés socialistes. Prudemment, et pour ne pas affaiblir
leur camp, ils attendent sagement l'annonce de la rue de Solferino, qui aura
lieu demain désormais. Au PS comme à l'UMP, la crainte de la polémique est
un anesthésiant efficace.

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